Annecy et ses airs de Californie… Sur les bords du lac, le Brise Glace accueillait pour la quatrième fois H-Burns sur sa scène. Connu pour ses sonorités américaines, le Français a offert un moment hors du temps.
Chantant en anglais comme à son habitude, Renaud Brustlein (de son vrai nom) assume une musique où les mélodies priment. Elle pourrait être pour de supposés « experts » dépassée ou peu risquée. Or, le risque de la complexité, apte à embrouiller l’auditeur, s’estompent ici. Elles se diffusent à travers la bonté de l’homme, la simplicité du moment qui s’illustrent magnifiquement par la fresque en fond. Elle représente la couverture Sunset Park, le récent album de l’artiste originaire de Romans-sur-Isère. Un essai converti avec brio, joué presque dans son intégralité, qui offre des moments autant dynamiques que doux dans une salle à la qualité sonore irréprochable.
D’ailleurs, le deuxième titre joué, New Moon, pose les bases d’un concert qui sera bien exécuté. Ces sonorités seventies, sublimées par les choeurs du refrain, ne font pas croire au public qu’il vit seulement la deuxième prestation en orchestre complet. Depuis février et la sortie de son huitième album, H-Burns a privilégié le duo de guitare avant d’être accompagné d’un batteur et d’une bassiste. Ils apporteront toute leur pierre à l’édifice quand viendront l’énergique Late Bloomers, la sublime Sunset Park ou encore la relaxante Sideline.
Nowhere To Be, un classique de l’album Night Moves de 2015, avait quant à elle des airs de The War On Drugs. Quel pied d’ailleurs, et quelle extase puisque les phases intenses qui concluent le morceau donnent la chair de poule. Et des étoiles aux yeux d’un public qui sautille. Une version live parfaitement réussie, qui contraste malheureusement avec le plus grand succès du plus Américain des Français. En effet, Tigress, issue de Midlife, n’a pas eu la puissance escomptée. Pourquoi? Difficile de le savoir. Mais la position assise du guitariste, tapis dans l’ombre durant le concert, n’aura pas offert la force connue en studio. Il y a des notes saturées qui furent oubliées avant les couplets, et des moments de grâce qui furent perdus.
Dans cet océan de belles vibrations, on pourrait regretter effectivement ce manque d’alchimie du guitariste avec ses acolytes. Ce serait toutefois oublier que cette prestation de H-Burns était la deuxième en groupe. Et nul doute que l’alchimie arrivera plus vite qu’on ne le pense. Comme si une Cadillac attendait sur le parking, avant de faire rugir le moteur et vivre le ride de sa vie.
Tamar Aphek séduit les spectateurs en ouverture
Pour commencer la soirée à 18h30 (une ingénieuse idée un dimanche), le Brise Glace a convié une artiste originaire d’Israël. Figure de proue du rock indé dans son pays, Tamar Aphek est accompagnée par un batteur hors pair. Ses rythmiques, piochées du jazz, du rock et de la bossa, font des merveilles sur scène. À leurs côtés, deux musiciens se prêtent réciproquement la basse et le clavier pour donner du corps à des chansons variées.
La talentueuse chanteuse saisit au vol les réverbérations pour les exploser en vol sur des morceaux aussi rapides qu’un pendulaire en semaine, et aussi lentes qu’un baladeur du dimanche. Entre PJ Harvey et Elephant Stone, le projet offre une palette de sensations auditives. Entre shoegazeet dreampop, le spectateur est emmené de force – et avec plaisir – vers du rock endiablé.
Il y a chez Tamar Aphek la robustesse des solos, écoutés sur Corridor, qui pourrait concurrencer la forteresse de Masada. Mais aussi des sonorités variées, proposées notamment par le titre Stories, qui s’épanouissent comme les couleurs du cratère Ramon. Il existe enfin cette effervescence rythmique, découverte sur Nothing Can Surprise Me, qui ferait concurrence à la frénétique Tel Aviv. Bref, une sacrée découverte qui ne manquera pas de faire escale dans nos salles à l’avenir. Peut-être même pour une prochaine édition d’Antigel à Genève? L’un de ses représentants était en embuscade dans la salle…