Mark Ronson (source: Youtube)

Annoncée par le Montreux Jazz comme l’une de ses soirée phare de son édition 2023, la « Mark Ronson & his favourite band ever » a tenu (certaines) promesses samedi au Lab. Avec des musiciens talentueux à ses côtés, le producteur s’est fait plaisir pour la clôture!



On ne présente plus Mark Ronson, ce DJ devenu l’une des personnalités les plus influentes du monde de la musique. Un Quincy Jones des temps modernes, quand vient le temps pour lui de mettre sa casquette de producteur sur la tête. Récompensé de mille parts par l’industrie de la musique et du cinéma (sept Grammy Awards, un Oscar et un Golden Globe), celui qui est sponsorisé par Audemars Piguet s’est vu être soutenu, le temps d’un soir, par l’horloger basé au Brassus. 

À coups de teasers sur les réseaux sociaux, il y avait de quoi être ‘’hypé’’ par cet événement unique. Car le Britannique se fait rare sur scène, lui qui vient plutôt se montrer lors de soirées privées à Los Angeles ou New York. C’est dire la chance qu’avait Montreux d’accueillir ce bourreau de travail ! 

Pour patienter, des invités reconnus dans leur milieu

Samedi soir, la soirée s’est composée de quatre plateaux distincts. Pour faire patienter un Lab affichant presque complet, Mark Ronson a proposé à deux des cuivres ayant joué sur l’album Back To Black d’Amy Winehouse de montrer leurs talents. Deux premiers sets qui auront eu la saveur d’une soirée jazz au Blue Note de New York, avec cette mise en scène rappelant les codes de ces lieux mythiques. Il y avait ce rideau sombre en fond de scène qui marque les esprits, illuminé par des couleurs pourpres. Et entourant les musiciens, un canapé et ces lampes art déco qui faisaient croire que l’on était dans un salon. 

Dave Guy (source : Youtube)

C’est dans ce contexte cosy que deux sets de trente minutes ont été joués, d’abord par le saxophoniste Ian Hendrickson-Smith puis par le trompettiste Dave Guy. Ces musiciens renommés de la scène jazz américaine offrent un certain prestige à la soirée, ayant joué pour Sharon Jones & the Dap-Kings et encore aujourd’hui pour The Roots chez Jimmy Fallon (sic)! Il ressortira de cette expérience quelques spectateurs dubitatifs et peu habitués au style. Mais il en ressortira surtout une ambiance à l’ancienne, décontractée, comme lorsque les plus vivaces soirées du festival se déroulaient au Casino avec un certain Miles Davis en tête de gondole. L’esprit « Montreux » était de retour!

Mark Ronson fait (presque) tout juste

Après une prestation dynamique et maîtrisée, sans être inoubliable, de la part du poulain Lucky Daye (accompagné d’un batteur exceptionnel), la place était laissée à Mark Ronson. C’est sous de gros applaudissements que le Britannique entre sur scène, cette fois-ci comme musicien et entertainer. Derrière ses platines, il lance Feel Right, sans le vrai Mystikal, mais accompagné de tous ses musiciens avant que la stimulante Bang Bang Bang soit lancée. On compte deux pianistes, un batteur, un bassiste, un guitariste, une percussionniste et trois cuivres. Gargantuesque! 

Mark Ronson et son groupe (source : Youtube)

Dans une ambiance qui commence à prendre sans être explosive, le public découvre un plafond doré qui s’illumine (enfin) en diffusant les images en direct du concert. Une expérience visuelle immersive signée Daphnée Lanternier, prouvant qu’il est possible de faire de belles choses même dans une petite salle. S’en suivront des reprises d’Aloe Black (I Need A Dollar) et Jay-Z (Roc Boys), de quoi faire monter la sauce avant le titre produit avec Dua Lipa (Electricity). La venue du touchant Andrew Wyatt s’avéra être un moment bienveillant avec l’interprétation soigneuse de Somebody to Love Me (sans Boy George). 

Dans le rang des déceptions, il y en aura eu deux évidentes. Outre la diffusion d’Uptown Funk qui manquait d’instruments (seulement trois cuivres) et la présence d’une «vraie» voix (Lucky Daye patientait en loges), ce concert « unique » n’aura pas connu de rappel, pourtant fortement demandé par le public après le titre Valery en hommage à Amy Winehouse. Une grosse déception, quand on connaît la saveur de ces moments spontanés à la sauce « Montreux Jazz » et qui étaient chers au fondateur Claude Nobs disparu il y a dix ans déjà. Et pourtant, un étage au-dessus au Stravinski, Nile Rodgers et Chic ont fait monter le public sur scène. Quel dommage!

Yebba (source : Youtube)

Yebba, une voix divine pour rendre hommage à Amy

Le clou de la soirée fût sans aucune contestation la prestation divine de Yebba. La native de West Memphis dans l’Arkansas s’est prêtée au jeu de réinterpréter un medley de Amy Winehouse, de quoi donner des émotions à toute une salle avec tant de justesse notamment sur You Know I’m No Good. Des émotions qui furent décuplées pour Mark Ronson, qui garde un souvenir impérissable de son amie décédée à seulement 27 ans. Une collaboration qui avait d’ailleurs mené au joyau Back To Black.

Ce timbre à la fois chaud et éclatant de Yebba s’est illustré également sur Don’t Leave Me Lonely et Nothing Breaks Like a Heart, un titre originalement chanté par Miley Cyrus et produit par Mark. De quoi retourner une dernière fois le coeur des festivaliers et festivalières dans un festival de Montreux qui aura tenu, une nouvelle fois, toutes ses promesses.

Le Montreux Jazz Festival se tient du 30 juin au 15 juillet 2023. Des tickets sont encore disponibles pour les concerts de cette 57e édition. Retrouvez toutes les informations ici même.