© Victor Perrin

Le groupe québécois a secoué le Chat Noir en septembre dernier. Pour fêter la sortie de leur nouvel album STUNT, on ressort une interview du placard… jamais parue !



Quelques minutes après ce concert exceptionnel dans la salle carougeoise, les membres de Clay And Friends ont pris le temps pour jaser avec nous. En septembre, pas un mot n’était sorti sur leur nouvel album STUNT (et que l’on encourage vivement à écouter !). Mais comme pour de nombreux artistes québécois et québécoises, c’est avec sympathie que le groupe montréalais a partagé ses sentiments sur l’Europe, les tournées ici et leurs ambitions.

C’est la première fois que vous venez à Genève hors du cadre d’un festivalcette fois, c’est dans le cadre d’une propre tournée. Quelle différence voyez-vous?

C’est notre dixième fois en Europe depuis 2016, et on essaie de venir environ deux à trois fois par année ici. Toutes les salles que l’on fait sont à billetterie, c’est un peu plus intime que les festivals comme lors des deux derniers étés. Ça nous permet d’être plus en contact avec notre public et lui donner quelque chose de plus personnalisé.

Quand vous êtes en festival au Québec, il y a une foule assez énorme. Quand vous arrivez ici, c’est plus intimiste. Quel sentiment vous anime?

On en parlait tantôt entre nous, ça nous ramène vraiment à la base du projet quand nous avons commencé. C’est ça que l’on faisait : on était dans des bars, à Montréal, devant des petites foules comme au Quai des Brumes (ndlr : une petite salle mythique rue Saint-Denis). C’était beaucoup des freestyles, on apprenait à se connaître et on formait le son que l’on entend désormais. Aujourd’hui, en tournée, c’est un retour aux sources avec l’impression de rebâtir quelque chose.

Qu’est-ce que ça vous procure finalement?

Ca nous fait du bien, et ça nous force à aller chercher les gens. Ils nous regardent avec des yeux ébahis. Et ces gens là, on veut vraiment les  »pêcher » pour capter de nouveau fans et faire grossir la foule. Comme ce qu’on a fait au Québec. C’est fou parce qu’aujourd’hui, il y a plusieurs personne qui nous disent avoir vu Clay and Friends à Samoëns, à Genève il y a deux ans ou à Annecy il y a trois mois. Vraiment, chaque show compte pour eux.

Et ils s’en souviennent surtout…

Oui, c’est ça qui fait rupture un peu avec le Québec. Naturellement, chaque show compte là bas… mais pas autant qu’ici ! Il y a quarante personnes, mais si tu leur donne une expérience incroyable, ils vont revenir et en parler. C’est comme se téléporter il y a sept ou huit ans. C’est ce qui était la force du groupe à l’époque.

« Si tu donne aux gens une expérience incroyable, ils vont revenir et en parler »

© Victor Perrin

Ce rapport avec l’Europe n’est pas très commun pour les Québécois. Il y a les classiques comme Coeur de Pirate, Garou ou par exemple Louis-Jean Cormier avec qui vous avez collaboré pour une chanson. Mais ce n’est pas fréquent. Quel est votre rapport avec le Vieux-Continent, de venir ici tourner ?

En fait, ça a été assez tôt. Les premières tournées datent de 2016 ou 2017, des tournées que l’on avait booké nous-même, indépendamment. On avait fait le tour de l’Italie, la France, les Pays-Bas. C’était des tournées où l’on avait loué une voiture cinq places en étant six dedans (rires). Vraiment à l’arrache. C’est assez tôt que l’on a vu que notre musique avait du potentiel, qu’elle touchait beaucoup de monde. Notre but a toujours été de viser les festivals, et on l’a fait les deux derniers étés. Ça commence à payer. L’Europe a toujours été important pour nous.

En parlant d’Europe, il y a eu cette collaboration avec Naaman. C’est fou quand même !

Oui, c’est parti d’un moment où on était dans un chalet et on allait partir le mini-EP  »Grouillade » en 2020, avant la pandémie. Et on a fait une chanson, une idée qui est devenue  »Moneytree ». Mike Clay a envoyé un message personnel à Naaman, qui a répondu avec un couplet en nous disant que c’était du lourd. Et on l’a rencontré pour le vidéoclip et il nous a dit que c’était la meilleure collaboration qu’il n’ait jamais faite. Et ça a donné naissance à « Luckyday » : on a fait partie de sa tournée, en faisant des premières parties dont au Zénith à Paris. Imagine tu nous catapulte là, il y a 5’000 personnes… pour nous c’était incroyable.

Mais pourtant, vous avez joué au Festival de Jazz de Montréal devant 40’000 personnes ?

Ce n’est pas la même chose. Ce n’était pas en salle, c’était chez nous. Et le Zénith, c’était à Paris, de l’autre côté de l’océan, devant des milliers de personnes qui ne te connaissent pas vraiment. Et la musique coïncidait avec la vibe de Naaman, avec son band qui est incroyable. C’est parmi les meilleurs shows de notre vie. On se reconnaissait un peu dans tout ça.

« Remporter le prix du meilleur spectacle, c’est le plus beau que tu puisse recevoir. »

Vous avez reçu deux nominations à l’ADISQ (ndlr l’équivalent des Victoires de la Musique au Québec). Quel sentiment après être nommé pour le meilleur album pop et d’avoir gagné le prix du meilleur spectacle de l’année ?

Celui du spectacle, c’est le plus beau prix que tu puisse recevoir. L’album, c’est sûre que c’est hyper valorisant mais il y a plein d’autres bons albums au Québec. Le spectacle, c’est la représentation. À ce jour, on fait énormément de studio de qualité, mais le show ça ne ment pas. C’est autre chose. Il y a pas les éléments du studios pour mentir: t’es devant le monde et c’est bon, c’est brut.