Le punk, c’est quoi ? C’est une révolte, une contestation, un cri du cœur contre les injustices. À Antigel, les Lambrini Girls ont prouvé qu’elles en étaient les très dignes héritières.


Né dans les années 1970, le punk a secoué la société avec des groupes comme les Ramones, les Sex Pistols et les Clash. Plus qu’un genre de musique, il s’agit d’un mouvement contestataire qui défie les normes en place et le pouvoir.

Le Punk : Une Révolte Contre les Normes

Le punk s’accompagne d’une mentalité DIY (Do it yourself) anticonsumériste et de codes vestimentaires : cuir, métal, couleurs vives – surtout dans les cheveux. Comme pour marquer une rupture avec la période hippie et sortir d’une douceur que les punks trouvent artificielle.

Le groupe Bikini Kill en 1992 ©Pat Graham

Les figures connues du punk restent longtemps majoritairement masculines. Pourtant les groupes féminins prennent leur place et dénoncent le sexisme dans le mouvement à partir des années 1990. Le mouvement Riot Grrrl (excellent article sur le mouvement à retrouver ici) fait converger les luttes féministes avec le punk.

Des groupes comme Bikini Kill et Bratmobile ont su rendre « le punk plus féministe et le féminisme plus punk »1. C’est dans cette lignée que les Lambrini Girls perpétuent cet héritage, en liant intimement musique et politique. Et elles l’ont prouvé pendant leur performance explosive pour Antigel.

L’explosion Lambrini Girls

Les Lambrini Girls, c’est un duo de Brighton accompagné d’un.e batteur.euse, qui n’ont pas peur de casser les codes. Leur set, c’est un mélange de riot-punk primaire et irascible.

Les tempos sont rapides, les riffs sont simples et saturés et les chansons courtes à très, très haute énergie. La chanteuse et guitariste, Phoebe Lunny, avec sa voix stridente, crie ses paroles incisives et n’épargne aucune structure répressive, que ce soit la police, le capitalisme ou le patriarcat.

La chanteuse et guitariste Phoebe Lunny © Natacha Vallette d’Osia

Un show brut à très haute intensité

Sur scène, les Lambrini Girls ne font pas semblant. La chanteuse dynamite les codes, tourbillonne entre la scène et l’audience. La bassiste, Lilly Macieira, avec son look preppy qui détonne avec la violence de sa musique, reste sur scène sur la retenue, comme pour contrebalancer sa co-scénique le feu follet.

Dès le premier morceau, Big Dick Energy, l’artiste sépare les spectateurices, donne sa guitare à un membre estomaqué de l’audience et crée un mosh pit géant. Chaque morceau résonne comme un hymne de révolte. Le public répond et très vite, la salle devient une poudrière, où les artistes craquent des allumettes et continuent à faire monter la température. Elle culmine lorsque Phoebe Lunny grimpe sur son ampli et saute dans la foule pour crowdsurfer. À ce stade, le public n’est que pogo.

Phoebe Lunny sur son ampli avant de sauter dans la foule © Natacha Vallette d’Osia

Le punk comme arme politique

Chaque morceau est précédé par une explication et une mise en contexte, que ce soit sur les violences policières avant Bad Apple, la lâcheté des gouvernements occidentaux devant un génocide sur God’s Country. Elles dénoncent aussi le fait de fermer les yeux sur les violences sexuelles, qu’elles soient dans le milieu musical ou dans la vie de tous les jours avec The Boys in the Band :

“In the UK, less than 8% of rapes are prosecuted. We all have mates that have borderline behaviour, or we’ve heard about it. And we love them. So what do we do ? We have a pint, we sit down with them and we talk about it. We need accountability. And we believe the victims ».

En premier plan, Lilly Macieira avec à côté une spectatrice qui s’apprête à crowdsurfer ©Natacha Vallette d’Osia

Leur set finit sur Cuntology 101, ou l’art d’être une connasse, qui décrit les injonctions contradictoires qui pèsent sur les femmes, où la chanteuse et la batteuse finissent dans le public. Elles quittent la scène sous les ovations du public, qui demandera un rappel qu’il n’aura pas, comme pour tirer un gros dernier fuck you aux attentes, quelles qu’elles soient.

crème solaire brille en première partie

crème solaire a ouvert cette soirée à très haute température. LastNite les suit depuis 2023 et les avait vus au JVAL (article à retrouver ici.) Le duo, composé de Rebecca Solari et Pascal Stoll, propose des performances explosives d’électro-punk mêlé de chaos. Il est porté par la présence magnétique et étrange de la chanteuse et le talent du multi-instrumentiste.

Ils enchaînent leurs morceaux Calicanti, qui parlent des fleurs qui poussent dans le béton et Chien.ne avec une présence qui hypnotise le public, avant de finir sur Autobahn/Autobahn. C’est pour cela que crème solaire reste un des meilleurs groupes suisses à voir en live. Il était presque dommage de voir une setlist considérablement raccourcie pour la première partie. Ils seront en tournée en France ce printemps, les dates sont à retrouver ici.