© Maxime Sallin (aux Docks de Lausanne)

Le rappeur français faisait escale à Fribourg vendredi, puis le lendemain à Lausanne dans le cadre de son SUPREME TOUR. Avant d’enflammer les Docks, c’était dans l’incontournable salle de Fri-Son qu’il a déployé tout son talent.


En 1983, en réponse au manque d’espaces autogérés dédiés à la pratique de musiques alternatives en suisse romande nait l’association Fri-Son et l’espace culturel homonyme.

Quarante ans, plusieurs déménagements et un long travail de pérennisation plus tard, Fri-Son accueille des artistes comme le rappeur Youssoupha qui, avant de rempiler le lendemain aux Docks de Lausanne, foula sa scène pour la première fois le vendredi 11 avril dernier.

© Maxime Sallin (aux Docks de Lausanne)

L’occasion pour lui de rencontrer son public fribourgeois et de nous démontrer pourquoi il doit être cité parmi les artistes qui ont marqué (et marquent toujours) le rap francophone. Il l’avait déjà fait à Genève, dans le magnifique parc La Grange, aux côtés d’un orchestre symphonique.

Un répertoire d’importance

Des titres qui ont marqué le rap français et parfois même son histoire, Youssoupha en compte quelques-uns dans son répertoire. À commencer par Éternel recommencement, morceau fleuve sorti en 2006 et considéré aujourd’hui comme un classique du genre. Un titre auquel le rappeur Tiers Monde empruntait déjà une punchline en 2014 dans Punch, un morceau hommage aux phrases marquantes du rap français.

Cette facette de sa carrière, Youssoupha l’a montrée sur scène en jouant des morceaux tels que Ma destinée, L’effet papillon ou À force de le dire. Des titres marqueurs d’une époque du rap francophone et reconnus comme majeurs par les amoureuses et amoureux du genre.

Mais depuis 2012 et la sortie de Dreamin’, son premier tube, Youssoupha a aussi su capter l’intérêt d’un public plus large que des hits comme avec Smile, On se connaît et le récent Dieu est grande, qui sont parvenus à séduire.

Vendredi, la difficulté résidait dans le fait de tisser un lien entre toutes ces chansons aux portées et types différents.

© Maxime Sallin (aux Docks de Lausanne)

Quand l’expérience parle sur scène

Autant dire que ce pari a été réussi haut la main. Sans décors extraordinaires, sa prestance lui a permis d’être constamment impactant, tandis que son talent d’orateur rendait son show tour à tour drôle ou touchant.

Grâce à de courtes chorégraphies millimétrées, quelques mash-up et reprises, lui et son groupe (une chanteuse, deux musiciens et un DJ) ont réalisé une prestation scénique géniale en nous faisant presque oublier que le rap se prête par essence moins bien à l’exercice que d’autres genres musicaux.

Généreux, naturel et hyper communicatif, Youssoupha a fait chanter et danser Fri-Son en ne laissant derrière lui qu’un mot sur toutes les bouches : du partage.

© Maxime Sallin (aux Docks de Lausanne)

Youss on se connaît

Car rassembler et fédérer, c’est peut-être ce qu’a le mieux réussi à faire l’artiste durant ses vingt années de carrière. Et pour s’en convaincre, il suffisait d’observer son public fribourgeois: une foule hétéroclite où se croisaient des fans de la première heure aujourd’hui avec leurs enfants, des jeunes, des membres de la diaspora congolaise, de nombreuses femmes et des trentenaires dont l’adolescence fut accompagnée par la musique du rappeur.

© Maxime Sallin (aux Docks de Lausanne)

Certains d’entre eux, comme Mairo, H Jeune Crack, Yelsha et Zequin, sont à leur tour devenus les rappeurs et rappeuses à suivre d’aujourd’hui et le citent tous comme une part importante de leur éducation rap.

Le rôle dans l’écosystème rap que jouent aujourd’hui ces artistes (ou journalistes au même profil) permet de reconsidérer l’impact de Youssoupha sur le rap francophone. Jusqu’alors absent des listes couronnant les plus grand(e)s, peut-être est-ce là les prémisses des lauriers critiques qu’il s’apprête à recevoir ?