
Samedi, l’Amérique latine a résonné sur la somptueuse scène lacustre de Montreux. J Balvin (Colombie) et Trueno (Argentine) ont chacun porté haut les couleurs de leurs pays, mais aussi de toute leur région avec une fierté palpable.
Dans le public, les Latino-américain-es de Suisse étaient bien présent-es, arborant fièrement leurs drapeaux, gestes salués à plusieurs reprises par les artistes. Et c’est tout d’abord Trueno qui fait une entrée percutante sur Grand Master, ouvrant son concert avec des sonorités très hip-hop qui électrisent immédiatement la foule qui, à l’exception de quelques fans, le découvrait ce soir-là.
Trueno : un flow précis et une diction impeccable
Accompagné de cinq musiciens et de deux backers, il propose une version très vivante de son répertoire, bien différente de ses morceaux enregistrés. Une approche de plus en plus rare dans les concerts de rap, qui donne ici une dimension scénique forte.

Originaire du quartier de La Boca à Buenos Aires, Trueno s’est fait connaître par les concours de freestyle en Argentine. Une école qui se ressent dans son flow précis et sa diction impeccable. Après une prise de parole contre le racisme, il enchaîne avec Tierra Zanta, l’un des moments forts de son concert. Ce morceau, fusion de hip-hop et de candombe (un genre percussif uruguayen), se distingue tant par sa richesse musicale que par son engagement : il aborde l’identité, les racines et la mémoire historique, évoquant les disparus et la dictature. Trueno n’hésite pas non plus à critiquer la violence policière, preuve de son positionnement clair.

Tout au long du concert, il mêle son rap à différents genres musicaux, parfois au risque de perdre en cohérence, oscillant entre trap, hardcore, reggaeton, disco, rock, et surtout un hip-hop américain 90s. Si cette influence old school structure une bonne partie du concert, elle finit par lasser, là où ses fusions plus novatrices apportent une véritable fraîcheur.
Malgré quelques moments sonores un peu saturés, il sait aussi offrir des instants plus intimes, comme avec un morceau samplant la légendaire chanteuse argentine Mercedes Sosa.

J Balvin en tête d’affiche incontournable
A l’image de son show, l’entrée en scène attendue de la tête d’affiche de la soirée J Balvin est fracassante : explosions, visuels très colorés, des danseurs et danseuses, le tout sur le tube Mi Gente. Contrairement à Trueno, aucun musicien live sur scène à part son DJ. Mais les six danseur-euses contribuent à une mise en scène très rythmée. Tout comme son collègue, il exprime sa fierté de représenter l’Amérique latine et sa ville natale colombienne, Medellín.

Il assure un show millimétré pour le public, entre chorégraphies, changements de tenue, enchaînent des hits planétaires et une apparition au milieu du public. Ce moment très esthétique, éclairé par les flashs des téléphones du public, marque le point culminant de la soirée.
Après cet instant plus intime, il conclut la soirée en apothéose avec Que Calor et In Da Ghetto, mettant la foule en ébullition. Un concert sans surprise majeure, mais fidèle aux attentes avec une performance parfaitement calibrée, à la hauteur de son statut de superstar internationale. J Balvin reste une figure incontournable du reggaeton, dix-neuvième artiste le plus écouté au monde sur Spotify, avec plusieurs titres dépassant le milliard d’écoutes.

Le Montreux Jazz Festival a brillamment mis en avant la richesse et la diversité de la scène latino-américaine pour cette deuxième soirée de festival, en réunissant à la fois une star internationale et une jeune révélation. Une soirée portée par l’énergie, la fierté et l’émotion. Prochaine soirée latino à ne pas manquer : Ca7riel & Paco Amoroso et Nathy Peluso, le vendredi 18 juillet.
