© Maxime Sallin

Suite de l’annulation de Sam Fender, l’Américain s’est retrouvé en première ligne de la soirée de mardi. Il aura montré l’envergure d’une icone en devenir de la prochaine décennie… et des suivantes ! En ouverture, Mark Ambor n’a pas démérité.


À la vue du programme de Montreux, la bataille de la tête d’affiche entre l’Anglais et l’Américain pouvait se terminer sur une égalité parfaite, tant les deux sont fantastiques dans leurs registres. 

Mais, et je dois admettre, c’est l’ex-participant d’American Idol qui l’emporterait, et cela malgré mon admiration profonde pour l’univers sonore du natif de Newcastle. Pourquoi ? Éléments de réponse.

Une entrée soignée

Avant même l’entrée sur scène du phénomène, le public de Montreux est prêt à l’accueillir. L’engouement autour de la nouvelle star US est tel qu’aux annonces du directeur du MJF, Matthieu Jaton, puis du chanteur Mark Ambor, ça crie (fort). On oublie vite l’absence de Sam Fender. 

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La frénésie sur la Place du Marché est manifeste, au regard des 57 millions d’auditeurs mensuels et des 2 milliards d’écoute (!) pour Beautiful Things sur Spotify. 

Un feu de paille ? Sûrement pas tant son arrivée sur scène sur Sorry I’m Here For Someone Else sera magistrale. Sur une estrade, un point levé à la Freddie Mercury – dans sa ville préférée –, puis un salto devant ses musiciens. On peut croire qu’il en fait trop, mais on comprend aussi la spontanéité d’un jeune gars heureux d’être là aux côtés de ses musiciens diablement bons (mentions au batteur à l’énergie folle et à la guitariste très juste dans ses interventions).

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Une voix admirable

Quand il participait à la 19ème saison d’American Idol en 2021, il insufflait déjà une tessiture des plus sidérantes. Au point d’être le grand favori, avant de s’en retirer pour ne pas être – trop – affilié à cette issue : un simple gagnant d’une émission du petit écran où tout est trop simple (ou presque). L’histoire n’est pas à refaire, mais Benson Boone a tracé sa route comme une Cadillac sur la Route 69. À vive allure.

Et quand il monte sur scène, ce n’est pas une joke : il chante vraiment, mais vraiment. Tout le registre vocal est passé au crible, on ferme les yeux et on plonge dans un univers à la croisée de Bowie et Mercury. Du grand art, comme sur Drunk My Mind ou Mystical Magic qui ont les faveurs du public montreusien. 

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Et il est encore loin du final explosif sur Beautiful Things, qui laissera Montreux exploser ses cordes vocales sur un refrain génial, accrocheur, qui fera date dans l’histoire de la musique : car oui, la montée en puissance à mi-morceau est magnifique… et engageante aussi. La tension, s’installant progressivement sur le parterre, donne des frissons à la plupart du public, qui regarde sans relâche le charismatique chanteur. La guitariste terminera sur un solo dantesque, bien construit comme le voudrait Brian May (avec qui elle a partagé la scène à Coachella). 

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En connexion avec le public… et le MJF

Quand on parle d’osmose avec le public, il suffisait de regarder autour de soi pour voir les gens chanter en chœur sur In The Stars ouThere She Goes pour se dire : « oui, ce mec est vraiment spécial ». Montreux a eu le nez fin, car il offre un phénomène sur scène qui a le don de rassembler, comme en témoigne son a capela avec le public à la sauce Mercury.

Bien que certaines chansons puissent sembler similaires dans leur structure ou dans le même registre mélodique (il lui a été reproché de composer son premier album en 17 jours seulement), rien ne retire le fait que la musique d’unir ici.  

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Bouleversé par le paysage, comme de nouveaux artistes cette année, il serait drôle que Benson devienne une nouvelle coqueluche du festival, à l’égard de Raye. Et qui sait, s’il a tellement aimé son passage ici, il pourra toujours finir ses prestations par un plongeon dans le Léman, comme ce mardi soir (une première pour cette scène !). 

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Un hommage à Sam Fender

En pensée avec un artiste qu’il admire, Benson Boone n’a pas manqué d’interpréter l’un des titres les plus fameux de l’artiste anglais : Seventeen Going Under. Une prestation digne, qui était parfaitement exécutée du chant aux instruments. Il manquait simplement un saxophone pour donner plus de corps à ce titre captivant. 

Mais le multi-instrumentiste américain n’était pas le seul à rendre hommage à celui qui a subit une hémorragie des cordes vocales : Mark Ambor, lors de son heure de concert, a interprété Hypersonic Missiles en version acoustique. Beau.

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La folkpop de Mark Ambor en ouverture

Remplacer Sam Fender n’était pas une mince affaire pour Mark Ambor. Jouant à Zurich avant de venir à Montreux, l’artiste new-yorkais a donné son maximum pour que le public passe un bon moment en attendant la vedette du soir. Et le contrat fut rempli !

L’ambiance est « feel good », emmenée par la bonhomie du jeune homme. En soi, c’est une très bonne mise en bouche. Mais parfois, elle manquait d’acidité, de mordant.

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Si l’apport du batteur, plein de motivation, aura donné des sursauts aux compositions (très convenues) de Ambor, on ne peut pas s’empêcher de voir en l’Americain une synthèse d’une folk-pop qui s’est standardisée au fil du temps par la recherche d’une visibilité via les réseaux sociaux. Du « easy listening » qui manque de saveurs, de couleurs parfois.

Bien que diffusée et écoutée à outrance, la clôture avec Belong Together donnera le sourire jusqu’au pommettes. Alors, est-ce que la critique d’une folk pop devenue « fade » n’est-elle pas de trop, finalement?

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