
Le groupe genevois a signé un retour éclatant sur scène en septembre, au festival La Bâtie, réunissant son quatuor original pour un concert débordant d’énergie et de complicité. Après quatre ans d’absence, l’occasion était trop belle pour ne pas discuter avec eux.
Porté par un public conquis, Elie Ghersinu, Romain Deshusses, Augustin Von Arx et Léonard Persoz ont offert un set vibrant et groovy, où ils ont notamment joué l’intégralité de leur nouvel album dont la date de sortie reste à être annoncée. Leur son, à la fois chaleureux, nostalgique et raffiné, a confirmé que Magic & Naked n’avait rien perdu de son charme pop-folk rêveur ni de sa magie collective. Entrevue.
Ça fait un moment que l’on ne vous a pas vus. Qu’est ce qui a provoqué ce retour ?
C’était plus une question de temps qu’autre chose. On a arrêté, non parce qu’on ne voulait pas continuer, mais parce qu’on avait chacun des projets de droite à gauche. Disons que les planètes étaient désalignées et là elles se sont alignées. Entre deux – ce qui est drôle – on s’est revus, on a refait de la musique, puis on a tout de suite eu assez envie de faire de nouveaux morceaux, de nouvelles choses ensemble. On a déjà enregistré un nouvel album. C’est en l’enregistrant, en faisant des petites stories de droite à gauche sur les réseaux que le programmateur de la Bâtie a vu qu’il y avait un peu d’actualité de notre côté et il nous a proposé de jouer. Ça s’est fait assez naturellement, comme une sorte de boule de neige numérique quoi.
Au niveau du genre et du « feeling » de cet album, qu’est-ce qui diffère de vos précédents morceaux ?
Les nouveautés ? C’est que par rapport aux autres albums, cette fois-ci c’est chanté en français par Romain et Elie… ce qui change un peu d’avant! J’ai envie de dire qu’il y a une partie de l’ADN qui est encore très présente. Dans les premières années du groupe, j’ai l’impression qu’on avait une esthétique qui était assez claire. On pouvait se situer au niveau du genre, un peu fin des années 60, début des années 70. Et depuis, tout le monde s’est ouvert à plein de musiques différentes. Donc je pense que c’est un peu le même ADN mais avec tous les ajouts qu’il y a eu entre-temps, et puis ce que tout le monde apporte de son parcours, de ses différents projets. On peut dire que c’est différent, mais qu’en même temps ça fait assez sens dans la continuité. On sent qu’il y a eu quelques années de pause et que les choses ont eu le temps de se développer. Notamment de nouvelles réfs, communes ou pas forcément, qui ont amené de nouveaux sons.
Des références comme quoi, par exemple ?
Ozzy Osbourne (rires). En fait, c’est Elie qui nous a amenés à écouter des trucs un peu plus grunge, un peu 90s qu’on a tous écoutés dans notre jeunesse. Et là, ça devient un peu à la mode et il nous a envoyé quelques morceaux. Des réfs dans le genre du slowcore, comme Duster ou For Carnation et ce genre de trucs très lents, très tristounes. C’est vrai que ce sont des musiques qu’on connaissait tous un peu, on a tous grandi un peu dedans. On s’est tellement focalisés sur les 60s au début du groupe qu’on avait un peu trop de règles au niveau du genre d’instruments, et de l’esthétique du son. Et c’est vrai que là, maintenant, n’importe quelle idée peut venir nourrir le truc. Après, il y a toujours un choix et une curation d’idées. C’est cool maintenant d’avoir cette liberté de défoncer les règles qu’on s’était imposées pour les premiers albums.
Et ça fait maintenant 12 ans depuis la formation du groupe. Comment est-ce que vous avez formé votre lineup ?
En fait, ce groupe c’était notre travail de maturité au Collège [ndlr : de Romain & Elie]. On a réussi à faire passer le fait de faire un album ensemble comme notre travail de matu’. Quelqu’un nous avait proposé une date en première partie de Night Beats. C’était le festival Face Z qui faisait carte blanche à Rock This Town, avec le premier concert à la Parfumerie. Et à Genève il y avait une dizaine de personnes de notre génération à avoir des groupes ensemble. Augustin jouait dans ce qui s’appelait les Tangerines, qui par la suite a fourni la base des membres du groupe Le Roi Angus. Léo et Elie étaient dans ce groupe qui s’appelait The Cats Never Sleep. Et voilà, c’était un peu via ce réseau là, cette petite scène naissante entre guillemets que le lineup s’est construit. Ça s’est vraiment fait de plan en plan depuis là. Du coup ça fait douze ans, et on a presque déjà quatre albums très différents. C’est cool, on est assez contents d’avoir exploré des chemins différents déjà. C’est ce qu’on se disait par rapport au « back catalog ». C’est le premier concert où on peut se dire que l’on va chercher dans nos vieilles chansons pour voir pour voir un peu ce qui est à prendre. C’est cool d’avoir un choix de catalogue dans lequel tu peux piocher.

Vous avez des projets pour l’année 2026 ?
Pour l’instant, pas tellement encore. Mais on espère annoncer notre retour, chopper encore 2 ou 3 concerts et recommencer à bosser sur de nouveaux morceaux. Je pense qu’on avance un peu sur l’aspect créatif et, après, on prend les plans qui viennent. On va essayer de continuer sur une boule de neige numérique. On n’a pas encore commencé la vraie étape de démarchage. Cette dernière année, on l’a faite dans notre coin. Comme direct après la session d’album on a eu la date de La Bâtie, on a su que pour telle date on devait préparer la setlist. C’était vraiment notre deadline, notre truc à l’horizon. Et voilà, on va continuer de terminer un peu le disque entre-temps.
