© Lucie Gertsch

Dans la salle voûtée du Romandie à Lausanne, Silance a présenté son EP Patti Person la semaine passée devant un public attentif. Une soirée intime, entre fragilités et pop qui serre le cœur.


Le Romandie fait partie de ces pépites de salles romandes. Niché sous les arches, avec son plafond haut et ses vieilles pierres, le lieu a un charme fou. Le public s’y est réuni pour célébrer le vernissage du nouvel EP de Silance, Patti Person, sorti le 24 octobre 2025.

Patti Person, une alter ego

Patti Person marque un virage pour l’artiste lausannoise. Elle s’est fait connaître en explorant le slam et le rap. Dans son précédent album Nouveau Genre, elle plongeait déjà dans ces univers tout en questionnant les normes de genre et l’hétéronormativité.

L’écriture reste introspective, mais quitte le rap, terrain de jeu habituel de Silance, pour se rapprocher d’une pop dansante teintée de rock, qui transforme sa vulnérabilité en refrains catchy. Pour cet EP, elle s’est constituée un alter ego, Patti Person, qui permet à l’artiste d’écrire sans filtre, mais aussi d’échapper aux étiquettes qu’on voudrait lui coller. L’artiste revendique sa queerness sans en faire un manifeste, elle la laisse simplement exister. Une écriture où les frontières imaginaires entre l’intime et le public sont ténues.

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Sur scène, une fragilité teintée de puissance

Sur scène, iels sont quatre : deux musiciennes de talent à la guitare et à la basse, un batteur et Silance. Deux semaines de répétition seulement, mais une cohésion qui surprend. La chanteuse toute de noir vêtue ouvre avec Fille Sage, une entrée en matière revendicatrice électro-pop. Silance confie d’une voix tremblante qu’elle doute d’elle-même et qu’elle est très stressée. Le public l’encourage, elle sourit, et la soirée gagne en intensité.

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Sensibilité portée avec fierté

La vulnérabilité de Silance n’est pas un effet de style. Elle parle un peu maladroitement et s’en amuse elle-même, mais elle chante tout, la musique étant clairement un exutoire. Les moments forts défilent. Je doute avec Albert Chinet qui la rejoint sur scène, deux voix qui se répondent et se cherchent dans un morceau teinté rock. Puis Amore dai, un des meilleurs morceaux de l’EP, qui fait bouger avec un refrain repris en choeur. Avec Tada, elle se libère, gagne en confiance et le public la suit sans hésiter. Sa diction est limpide et chaque mot tombe au bon endroit. C’est beau, c’est direct, et très plaisant à écouter.

© Lucie Gertsch

Une communauté qui écoute et qui porte

Le public suit et soutient, même lorsqu’il s’agit de parler de sujets difficiles pour l’artiste. Lors du morceau TCA, le public l’accompagne et se laisse porter dans une écoute respectueuse emplie de douceur. Elle termine sur Braquage morceau électro-pop qui frappe juste et fait danser tout le monde.

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Au final

Silance propose avec Patti Person une oscillation constante entre sensibilité et mordant, avec une grande honnêteté. Un EP qui transforme les fragilités en force, avec un vernissage plein d’émotions et d’énergie. C’est simple et sincère. Le public ressort étonné que plus d’une heure soit déjà passé, comme s’il était dans une petite bulle. A voir en live, cela vaut la peine !