
À l’occasion du festival Les Créatives, La Gravière a été entièrement réinventée par le Pink Juicy Club, devenu pour une semaine un espace festif, safe, inclusif et bien girly.
Rubans, paillettes, nuages et fleurs tapissaient vendredi dernier la salle et la terrasse, transformant le lieu en un cocon chaleureux parfaitement accordé aux concerts de la soirée.
Une esthétique assumée qui s’inscrit dans la mission du festival, né il y a vingt ans, pour visibiliser les femmes dans les arts et promouvoir un espace culturel militant et féministe. Deux groupes menés par des femmes étaient donc au programme, en parfaite adéquation avec ces valeurs : Automatic et Malummì.
Du rock délicat bâlois en ouverture
La première partie fut une très belle découverte. Automatic a invité le trio bâlois Malummì, qui a offert un indie rock délicat et aérien. Formé en 2021, le groupe navigue entre indie, rock alternatif, art rock et folk avec une grande sensibilité.

La voix singulière de la chanteuse, Larissa Rapold, douce mais puissante, se dévoile au fil d’une setlist abordant les relations, l’amour de soi ou encore la santé mentale, tout en interrogeant les constructions sociales d’une société patriarcale.
Le lien qu’elle crée avec le public est particulièrement chaleureux, donnant au concert une dimension intime et sincère. En fin de set, elle distribue des roses « aux personnes qui ne savent pas dire non », avant d’enchaîner avec You’re Not Gonna Ruin My Day, morceau plus nerveux et énergique qui clôture parfaitement leur performance. Une mise en condition idéale avant le concert d’Automatic.

Automatic : direct, minimaliste et surtout post-punk
Automatic entre en scène devant une Gravière déjà comble, ouvrant le set avec Calling It. Rythmé, incisif, porté par le chant détaché d’Izzy Glaudini, le titre donne immédiatement le ton : ce concert sera direct, minimaliste et post-punk.
Le trio états-unien, formé en 2017 par Izzy Glaudini, Lola Dompé et Halle Saxon, présente son dernier album Is It Now?, sorti en septembre 2025 et produit par Loren Humphrey (Arctic Monkeys, Cameron Winter, Nice As Fuck). Sur cette tournée européenne, la batteuse Halle Saxon est remplacée par Troy, ce qui laisse surtout la lumière à Izzy (synthé, chant) et Lola (basse, chant).
Leur nom, Automatic, est d’ailleurs un clin d’œil à un morceau des Go-Go’s, groupe pionnier du son pop-rock à l’esprit punk des années 80 — une filiation que l’on ressent pleinement sur scène.
Le charisme de Izzy Glaudini
Le trio propose un concert pensé pour ceux qui veulent surtout voir de la musique, sans longs discours. Le contact avec le public reste minimal, mais cela n’enlève rien à la force du set : la salle saute, accroche, et se laisse entraîner dans leur univers. Leur image de musiciennes un peu blasées, avec ce chant volontairement détaché, fonctionne parfaitement, c’est leur esthétique, leur attitude. Et malgré cette retenue, Izzy Glaudini dégage un vrai charisme, une présence maîtrisée au chant ou derrière ses synthés.

Très présents tout au long du concert, les synthés donnent au son d’Automatic une coloration planante, sombre et immersive. Même si l’on devine une certaine fatigue (c’était leur dernière date de la tournée européenne), le trio ne faiblit pas. Elles livrent une performance solide et engagée.
Le set se clôt en beauté avec Mercury, extrait de leur dernier album. Un morceau qui mêle jazz et trip-hop, porté par une ligne de basse profonde. En live, la version se révèle plus énergique que celle du studio : un final puissant et une redécouverte réjouissante.
Cette soirée aux Créatives a parfaitement illustré l’esprit du festival : des performances portées par des artistes qui bousculent les codes, affirment leurs identités et offrent au public des expériences sonores aussi sincères que puissantes. Entre la douceur introspective de Malummì et l’énergie hypnotique d’Automatic, la Gravière a vibré du début à la fin.







