Venu tout droit d’Irlande dans la journée de mercredi, Girl Band a fait trembler les murs en tôle de la Fondation Partage. À Carouge, la Banque Alimentaire Genevoise était ainsi le théâtre d’une étonnante performance rock qui aura certainement marqué de son empreinte la dixième édition d’Antigel.
Comme souvent avec Antigel, la surprise est au rendez-vous puisqu’on ne sait pas trop où l’on met les pieds. La preuve : après être entré par une porte de service et avoir dépassé une zone de cageots pour fruits et légumes au niveau de la billetterie, c’est dans une grande salle que le public découvre une toute petite scène. Elle est installée littéralement dans l’arrière du bâtiment en tôle où, durant la journée, des caisses sont probablement trimballée de gauche à droite. Et ce mercredi soir, le temps d’une soirée unique, c’est la grosse caisse d’Adam Faulkner qui trimballa le spectateur dans tous les sens.
Il faut souligner que Girl Band a fait sensation avec leur dernier album The Talkies, paru en septembre 2019. Depuis, c’est le succès qui guette le groupe de rock formé en 2011 et qui compte deux albums à son actif. À l’écoute de ceux-ci, on remarque une certaine qualité sonore menée par des polyrythmies détonnantes, des sons lourds et stridents aux guitares et le charisme vocal de Dara Kiely.
Une intensité musicale remarquable
Bien que l’on puisse être déçu de la timidité du chanteur – il ne parle quasiment jamais au public sur scène – , on ne peut en revanche lui reprocher quoique ce soit sur sa façon d’interpréter les morceaux du groupe dublinois. Soutenu par une musique lancinante aux progressions multiples et variées, l’intensité vocale est quant à elle sans cesse redoublée. Elle est notamment magnifiée par la forte complicité du batteur Adam Faulkner avec son bassiste Daniel Fox. Ce dernier n’hésite d’ailleurs pas à user des pédales d’effet pour rendre le moment toujours plus puissant, parfois même angoissant. Les notes qui se dégage chez Fox et son acolyte guitariste Alan Duggan s’avèrent dignes d’un film de science fiction se déroulant à bord d’un vaisseau spatial au bord de l’implosion.
Par les structures des morceaux sensées être désordonnées (mais qui ne le sont pas) et le niveau de décibels prompt à exploser les tympans (pour le coup, c’est totalement vrai), voir Girl Band n’est pas une partie de plaisir pour tout le monde. Mais les mélomanes ne se trompent pas et reconnaissent en eux une qualité musicale au dessus de la moyenne. Est-ce trop de les considérer comme des avant-gardistes ? En tout cas, le quatuor ne manquera pas d’influencer des générations futures avec leur noise rock.
Antigel aura, encore une fois, tapé juste au niveau de la programmation pour ce groupe à suivre de très près.