© Victor Perrin

À quelques kilomètres seulement de Genève, un festival à Scionzier fait sensation. Pourquoi? Il est gratuit et offre une programmation de qualité. Retour sur la belle soirée de vendredi.


Ces dernières années, Musiques en Stock a su repousser les limites du possible en accueillant des artistes exceptionnels dans la région genevoise, en France voisine. À Scionzier, se sont succédés entre 2015 et 2023 Black Rebel Motorcycle Club, Of Montreal, Temples, Ty Segall, The Hives, Miles Kane, The Stranglers ou encore Nada Surf. Et si cette année les têtes d’affiches étaient moins ronflantes, c’était néanmoins qualitatif. Car avec Lee Fields, H-Burns, Calexico ou encore The Woohoo (projet du dessinateur genevois ZEP), on peut se dire que le festival a du mérite d’offrir tout ceci gratuitement.

Un cadre parfait pour écouter du rock

Ce qui frappe le spectateur dès son arrivée au festival, c’est probablement la décontraction qui règne au coeur de la bourgade haut-savoyarde. Un accueil chaleureux, des bénévoles souriants aux stands de merchandising, de nourritures, de boissons : voici le cocktail gagnant de Musiques en Stock. Mais c’est sans compter sur les artistes qui vont se succéder sur la scène principale du festival. Car oui, il n’y a qu’une scène. Ce qui est très bien pour rester simple.

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Et évidemment, pour marquer le coup ce vendredi, le ciel s’est détaché de la pluie et des nuages pour laisser place à de belles couleurs orangées. C’est la magie qui opère, car derrière en fond se rendent visibles les cimes des Alpes. Après Pills of Tomorrow (que nous avons malheureusement manqué), place Howlin’ Jaws avec son style à la croisée des chemins du garage et du psyché, où les Kinks sont bien présents dans les sonorités.

Le groupe français s’est démené comme jamais sur scène pour faire bouger la foule. Il y a eu des moments d’éclats, comme la présence scénique du trio (mention au batteur devant le public avec sa cowbell), ou ces connexions ultimes entre musiciens au moment de jouer quelques morceau de leur récent album Half Asleep Half Awake.

La scène irlandaise bien représentée

Quand le soleil s’est couché, une lumière est arrivée sur scène. Julie Dawson, guitariste-chanteuse de Newdad, a illuminé la soirée de sa voix douce au milieu d’un shoegaze rock des plus enivrants. Avec des musiciens parfaitement millimétrés sur scène, la jeune femme a su capter les regards et procurer de belles émotions. Au coeur des magnifiques sonorités produites sur son nouvel opus MADRA, il y a eu quand même ce moment de grâce avec l’un de ses plus beaux titres du répertoire : I Don’t Recognise You. Sans oublier une excellente reprise de The Cure, l’une des inspirations musicales du groupe irlandais.

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Enfin, les oreilles ont explosé à la venue des non moins explosifs The Murder Capital. Déjà performants au Paléo, où notre média qualifiait « l’ambiance à la fois onirique et angoissante », les Dublinois ont montré qu’ils avaient pris du galon en quelques années seulement. Défendant leur album Gigi’s Recovery, ils ont fait en sorte d’attirer encore les derniers festivaliers avant un sommeil bien mérité.

Leur post-rock est toujours aussi incisif, témoin d’une bonne complicité sur scène. Même lorsque le chanteur se pose avec une cigarette durant un intermède instrumental. Tout paraît évident sur scène, comme si l’on assistait à répétition enfoncé dans un canapé avec une bière à la main.

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