On a beau se leurrer et croire que notre adolescence est loin à l’approche de la trentaine, il suffisait d’être présent à cette première soirée de folie du Caribana pour réaliser à quel point on avait tort.
Niché en terre vaudoise (ou du Grand Genève pour les plus chauvins·es), Caribana est “le plus petit des grands festivals suisses” selon l’organisation. Et certainement le plus jeune des anciens avec près de trente-quatre ans d’existence. C’est aussi lui qui nous rappelle que la saison des festivals d’été commence avec ses quatre jours de concert éclectiques au possible du 7 au 10 juin.
En cette soirée d’ouverture, place au rock sous toutes ses formes. Et ce n’est pas moins de 3 groupes suisses (Dreamshade, The Ground Shaker, Dirty Sound Magnet) qui portent l’étendard national, aux côtés de pointures internationales dont on avait presque oublié l’existence (Sum 41, Flogging Molly) et d’une relève qui n’a rien à les envier (Nothing But Thieves, Blind Channel).
Une Scène du Lac qui a tout sauf la tranquillité d’un Martini pieds dans l’eau
Malheureusement arrivé trop tard pour profiter du premier groupe Flogging Molly, avec son punk rock irlandais, je me laisse porter par le son et les vitamines offertes par le sponsor Andros. Direction la Scène du Lac pour le concert de Dirty Sound Magnet, ses six albums dans les rotules et son guitariste dopé… et certainement pas au jus de fruits!
Si on regrettera l’explosion de décibels apportée par une des pédales d’effets sur certains refrains (comment l’ingénieur son n’a pas vu le bête venir?), on ne peut que se laisser charmer par le son diablement efficace et l’énergie du groupe.
Du rock en veux-tu ? En voilà !
Sans forcément m’attendre à découvrir des groupes qui révolutionneront mes oreilles (si ce n’est peut-être aggraver mes acouphènes), je ne peux qu’admettre que le rock alternatif (bien que mainstream) de Nothing But Thieves m’a diablement plu. Dans une foule très variée, entre quarantenaires et adolescents, les Anglais ouvrent le bal avec l’efficace Welcome to the DCC, premier single d’un album annoncé pour cette année. Et on ne peut qu’être ébahi par la tessiture vocale de Conor Mason.
Si le public n’est pas encore massivement présent, le groupe donne néanmoins le rythme par une diversité de chansons mettant l’ambiance, passant du groovy Forever & Ever More à la mielleuse Impossible (on atteint ici la limite des mes capacités auditives). Toutefois, la voix de Mason compense le son très, voire trop, pop de la chanson. Après plus ou moins une heure de set, il est temps pour le groupe de tirer sa révérence et certainement de digérer le tour en bateau offert par le festival durant l’après-midi avec l’un de ses hits le bien nommé Amsterdam.
Un tacos plus tard, le retour en grâce du punk-rock « made in 2000 »
Il est temps pour moi de me replonger en enfan… adolescence avec Sum 41. Et quel concert ! J’ai eu la chance de les voir en 2010 aux Docks de Lausanne, et j’en garde un très bon souvenir. Alors âgé de seize ans, je ne pensais pas qu’à bientôt trente je pourrais me prendre une claque pareille. Malgré une voix pas toujours juste de Deryck Whibley, on ne peut qu’être admiratif de l’énergie du groupe enchaînant hit sur hit : Motivation, avec ce magnifique outro repris de la chanson 88, We’re All To Blame ou Fat Lip. La liste est encore longue pour tous les citer.
Comme leurs chansons, la mise en scène débarque directement des années 2000 (drapeau en fond, pyrotechnique), tout comme leur style vestimentaire qui ajoute un effet rétro. On embarque de suite! Interagissant avec le public par de “Ladies and Gentleman”, les Canadiens séduisent par leur maîtrise scénique nous rappelant qu’ils tournent depuis vingt-sept ans et qu’ils n’ont plus rien à prouver. Pourtant, sans dénigrer le show, on se demande tout de même ce qu’ils ont produit depuis 2007 tant la set list se concentre sur les cinq premiers albums sur les huit existants. En parlant d’album, le groupe profite du concert pour nous informer que le prochain est prêt et prévu pour 2024. Affaire à suivre donc!
Après une première soirée aussi qualitative et explosive, on a hâte de découvrir la suite du festival du Caribana. Rendez-vous samedi pour une soirée résolument électro avec Lost Frequencies, Hyphen Hyphen et Mosimann.