S’il faut se déplacer à Étagnières pour écouter du rock, du vrai, ce déplacement en vaut clairement la chandelle. Dans le Gros-de-Vaud, la petit village vibre chaque année pour ce style indémodable dans le cadre du Croc’ the Rock. Pour sa dixième édition, le festival a su varier les plaisirs en programmant des groupes talentueux. Retour sur la soirée d’ouverture qui a mis sans dessus dessous la Salle de l’Etang.
À quelques encablure d’une halte ferroviaire bienvenue pour accéder au festival directement depuis la ville de Lausanne, l’entrée du Croc’ The Rock laisse entrevoir une belle parenthèse pour une soirée de semaine pas encore tout à fait terminée. Dès les contrôles Covid opérés et les tickets scannés, c’est l’entrée de la Salle de l’Étang qui laisse entrevoir une ambiance de festival. Au loin, la bière coule et les pizza atterrissent dans les mains des festivaliers et festivalières. Petit plus, le shot en supplément bienvenue lors de la dépose de veste ou de sac au vestiaire.
Voici donc l’illustration d’une organisation aux petits oignions qui n’omet pas l’idée de faire découvrir aux nouveaux venus (comme moi) l’histoire d’un festival pas si isolé que ça. Sur un mur est retracé dix ans de concerts, avec de fabuleuses photos prises durant la décennie. On y retrouve entre autre Kill It Kid (2014), The Family Rain (2015), Last Train (2017), The Sonics (2018) ou encore Annie Taylor qui joua en 2020 dans le cadre d’une édition exceptionnellement déplacée aux Docks de Lausanne.
Quel ne fut donc pas le bonheur donc de la speakerine de souligner, avant la venue de Mooon, que le festival était bel et bien de retour dans la ville du rock. Étagnières, pour beaucoup, sonne comme une périphérie de Lausanne sans grand intérêt. Pour d’autres, les mélomanes par exemple, c’est un haut lieu romand lorsqu’il est question d’écouter ce genre de musique. Et d’emblée, on comprend vite pourquoi.
Mooon assure le show, Kadavar ensorcelle son monde
On aurait pu croire que le guitariste était dans la lune, il n’en était rien. Tout était allumé, mais rien ne fonctionnait pour lui durant deux chansons où tout grésillait. Puis tout a changé, dès que les techniciens lui ont sauvé la vie en remplaçant le bon vieux ampli Vox. La machine n’était plus, et le son est revenu pour le bien de toutes celles et ceux qui attendaient ce moment: écouter de la musique live.
Car oui, Mooon était un excellent choix pour ouvrir ce festival avec ces trois gaillards souriants et habillés à la façon des années soixante. Mais c’est surtout musicalement que le trio néerlandais a assuré, malgré les soucis techniques du début. C’est à s’y méprendre à du Who ou du Beatles parfois, et plus récemment à du Allah-Las dès que son jouées les notes du titre Alcohol avant de terminer en trombe, avec des phases instrumentales, sur Marijuana. Dans tous les cas, il n’y avait pas besoins de toutes ces drogues pour réussir à s’évader. Le public aura apprécié ces moments improvisés, où le trio montrait toute son excellence lors de solos de guitare ou pendant que le batteur martelait ses fûts.
Et Kadavar ne demandaient pas mieux pour chauffer les nombreux spectateurs présents (la salle affichait quasiment pleine!). Avec un son lourd, leur stoner rock déployé partout dans le monde fait mouche depuis plus de dix ans. On sent d’ailleurs une très forte maîtrise scénique pour ce trio qui met en avant autant le batteur que les deux guitaristes. L’un à la basse martèle son instrument en même temps de donner une leçon de charisme avec son corps longiligne à la chevelure soyeuse. L’autre, à l’électrique, prouve qu’il en a dans les doigts en offrant des solos épiques tout en chantant à la Robert Plant. D’ailleurs, l’influence est souvent là pour le groupe allemand qui aura sublimé cette première soirée de festival.
Le Croc’ The Rock Festival se poursuit jusqu’au samedi 30 octobre prochain avec une programmation dantesque. N’hésitez pas à visiter leur site pour plus d’informations, par ici.