© Victor Perrin

Ce n’est pas la première fois que le collectif genevois Les Attitudes prend possession de la Corne à Vin, un lieu charmant qui conserve des bouteilles et offre des souvenirs musicaux atypiques.



Vendredi soir, deux artistes gravitant autour de l’Arc lémanique se sont donnés rendez-vous dans la salle du quartier des Pâquis, à Genève. Dans ce sous-sol extrêmement bien aménagé, excavé et décoré sobrement, il y eu deux mondes qui se sont opposés: d’abord celui de Milla, avec sa musique douce et poétique, puis celui Sami Galbi et son Raï décomplexé.

Un joyau nommé Milla

Quand on joue sur scène, qui plus est sa première, l’une des grande difficultés est de capter l’attention de son public. Ça peut parfois passer par des gestes, des paroles, des sonorités. Simple guitare à la main, nombreux sont les artistes qui n’ont, souvent, pas réussi à procurer des émotions, même en étant reconnu. Et combien de gens, en fin de concert, ont pu déjà se dire « mouais, c’était pas si pire » en passant directement à autre chose? Beaucoup aussi, certainement. Pour Milla, c’est tout le contraire.

© Victor Perrin

Durant un set de quarante-cinq minutes, encore trop long pour son répertoire en construction, la chanteuse s’est livrée à nue. Pas dans le sens propre du terme, mais à travers l’utilisation de mots justes sur des mélodies accrocheuses. Il suffisait de quelques notes bien pensées, jouées en arpèges, et de cette voix céleste pour se laisser porter dans un projet à découvrir concrètement en février prochain avec la sortie d’un premier EP.

En attendant, Milla a proposé quelques chansons qui ont réchauffé les coeurs, notamment son prochain single Courbe, une reprise de Suzanne par Leonard Cohen (traduite en français) ou encore Dans ma maison. Cette dernière est directement inspirée d’un poème qui fût lu au public, preuve de l’incroyable ouverture d’esprit et la culture du mot émanant de la jeune femme. Dans une écoute maximale digne des messes religieuses, le public a pu découvrir également cet amour que porte l’artiste pour la poésie à travers trois lectures bien choisies, dont l’une de Baudelaire. Revenue d’un long voyage avec l’artiste suisse Marc Aymond traversant le Mozambique, l’Egypte, le Laos, la Thaïlande ou encore le Nicaragua, Milla est revenue avec des musiques et des mots… ceux de là-bas. Pour les exprimer ici.

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Sami Galbi, éclatant et décomplexé sur scène

Passant un peu du coq à l’âne en terme de programmation, la soirée organisée par Les Attitudes a au moins le mérite de faire la part belle à des artistes émergents locaux et issus d’horizons musicaux différents. De la folk francophone au raï décomplexé, il n’y a qu’un pas: celui d’une pause au bar pour savourer un délicieux assemblage de la maison. Certaines et certains sont encore accoudés verre à la main quand une guitare électrique résonne dans la salle principale. Il y a là un jeu subtil, faisant référence au Maghreb dont l’artiste est originaire. Le Lausannois est en place, derrière une table intégrant plusieurs éléments qui annoncent la couleur: un ordinateur, un synthé et de nombreuses de pédales.

© Victor Perrin

D’emblée, le doute s’estompe: la qualité sera au rendez-vous et très vite, dans une maîtrise parfaite, Sami Galbi lance des beats aux rythmiques peu conventionnelles. Ce voyage vers un monde oriental lance les festivités, puisque certaines se mettant à danser avec enthousiasme devant l’artiste. Il rendra la pareille en venant au coeur du public pour une danse ou pour un solo de karkabou.

Il est difficile de retenir une musique particulière du concert de Sami Galbi car le multi-instrumentiste présente un ensemble cohérent influencé par l’électro, le raï ou encore le rock. C’est un savent mélange qu’il a déjà pu présenter sur scène, en tant que membre de l’excellent groupe El Mizan qui a joué cette année au Paléo Festival. En conclusion, simple et limpide: Sami Galbi est un artiste à suivre de près. Très près.

Le prochain concert organisé par le collectif Les Attitudes aura lieu jeudi 28 septembre prochain à La Gravière pour le vernissage du nouveau projet francophone de Cold Bath, devenu Beau Diable!