Photo: Stéphane Besson

C’est sous un soleil radieux et une chaleur (parfois) étouffante que s’est tenu le grand retour du Festi’Neuch après une pandémie qui aura eu raison de deux éditions. Mais qu’on se rassure: l’édition 2022 était sublime, que ce soit en terme d’organisation ou d’artistes invités avec notamment Julien Doré, Clara Luciani, Royal Blood ou encore Justice. Rien que ça! Retour sur les soirées de vendredi et samedi qui ont mis du baume au coeur des festivaliers. 




Il n’y a pas d’événement sans une bonne disposition des scènes et des stands dédiés à la nourriture. Utilisant les berges du Lac de Neuchâtel de manière optimale, le Festi’Neuch a sublimé le plan d’eau par des ouvertures bienvenues, dont une scène sur l’eau qui faisait son effet. Invitant des DJ à toutes heures de l’après-midi et de la soirée, ce lieu s’avérait être finalement l’un des centres névralgiques d’un événement qui respirait bon l’été. Transats, galets, eau translucide et lumières envoûtantes : tout y était pour mettre le festivalier dans les meilleures conditions pour profiter. Car hormis cet espace hors du temps, il y avait aussi l’architecture du lieu qui promettait une expérience géniale.

La scène de la Marée, là où les pépites émergent

Reculée, presque oubliée pour la majeure partie des spectateurs et spectatrices, la scène de la Marée était probablement la plus intéressante du festival. Non pas que les autres scènes du Chapiteau et Lacustres n’avaient pas de belles têtes d’affiches. Mais dans ce lieu à l’extrémité ouest du site, la place était donnée aux artistes et groupes émergents. On pense notamment aux concerts des talentueux Baby Volcano ou Yard Act (quelle prestance!), mais aussi à ceux des impressionnants La Dame Blanche et Serpent samedi soir. Deux projets dont vous retrouverez des entrevues exclusives au cours des prochains jours.

Pour la première citée, c’est un voyage vers l’Amérique qui était proposé. Pas spécialement sur l’île de Cuba, d’où est originaire l’artiste, mais plutôt vers des couleurs sonores insoupçonnées où le reggae de Jamaïque se mêle à la cumbia de Colombie… sans délaisser le hip-hop des États-Unis. Fille de Jesus Ramos, directeur musical du Buena Vista Social Club, Yaite Ramos s’est affranchie du style musical prôné par le père et qui transpire dans son pays natal. En fait, elle propose sur scène une expérience unique accompagnée d’un guitariste, d’un batteur et d’un DJ.

L’envoûtante performance de La Dame Blanche (photo : Tony de Francesco)

Celle qui est désormais installée à Paris ne chante pas seulement : elle incorpore de la flûte traversière, son instrument de toujours, pour sublimer ses compositions engagées, notamment envers les femmes. Le public de Neuchâtel ne s’est pas fait prier pour danser durant l’heure de concert donné en même temps que L’Impératrice. On regrettera donc qu’un conflit d’horaire se soit crée avec ces deux moments forts du festival.

L’autre concert saillant de la scène de la Marée aura été cette effluve punk/funk de Serpent. Quintette crée en période pandémique et marqué par la présence du charismatique Mathieu Lescop au chant, le groupe à consonance reptilienne s’est démarqué par la qualité de ses compositions aux rythmiques endiablées, déroutantes et dansantes. Si les musiciens citent des références comme Crack Cloud, HMLTD ou The Rapture, il y a chez Serpent une forme de spontanéité faisant penser aussi à Franz Ferdinand à leurs débuts.

Ce qui n’est pas pour déplaire un public enthousiaste mais peu nombreux vu l’heure à laquelle débutait le concert, à une heure du matin. L’énergie du chanteur, combinée à la précision de jeu des guitaristes et du bassiste, font de ce projet une bouffée d’air frais dans le paysage rock de la scène française. Mais pas francophone puisque tous les morceaux sont en anglais. Un groupe qui va donc en surprendre plus d’un à l’avenir !

Royal Blood en forme (photo : Albin Tissier)

Les têtes d’affiche ont répondu « présent » !

Pour ce festival, il n’y avait pas que des groupes émergents qui fallait voir. Évidemment, l’affiche était sublimée cette année par une impressionnante liste d’artistes reconnus comme par exemple Julien Doré le jeudi ou Grand Corps Malade le dimanche. Mais ce n’était pas tout : les vendredi et samedi étaient probablement les plus belles soirées qui pouvaient être proposées avec d’un côté un séduisant cocktail rock le vendredi avec Royal Blood et Fontaines D.C., une pop vibrante déployée le même soir par Clara Luciani, une ballade électro-dansante le samedi par L’Impératrice sans oublier la dynamique Danitsa en ouverture de cette même soirée.

Accompagnée d’un groupe incluant le talentueux Gaspard Sommer au piano, la Genevoise a confirmé son ascension depuis la sortie de l’album EGO et la confirmation depuis sa signature chez Island Records avec la parution de SYCLE cette année et qui lui a valu un Swiss Music Awards du « Best Act Romandie ». 

Emilie Zoé sur ses terres (photo : Melanie Janzer)

Pour retracer les concerts de chacun de ces groupes et artistes, il faudrait des heures. Car oui, la qualité sonore était au rendez-vous et la bonne humeur transmise était exquise, à l’exception de la sortie prématurée de scène de Fontaines D.C. qui a vu son guitariste exploser son instrument dans la stupeur générale (et même celle d’autres membres du groupe).

On retiendra aussi cette belle émotion qui passait entre les Neuchâteloises et Neuchâtelois et l’enfant du pays, Emilie Zoé, qui distillait un rock puissant capable de réveiller les Alpes bernoises lui faisant face. Il n’y a rien d’étonnant de la voir ouvrir pour Nick Cave & The Bad Seeds au Montreux Jazz, car cette artiste semble aujourd’hui la digne représentante d’une scène musicale suisse en pleine expansion. Et forcément talentueuse. 

Retrouvez prochainement sur notre site les interviews des projets Serpent, La Dame Blanche et Danitsa. La rédaction de LastNite remercie chaleureusement les organisateurs du festival du Festi’Neuch pour leur accueil et leur disponibilité.