
La salle Fri-Son, bastion de la culture alternative fribourgeoise, accueillait trois groupes venus secouer ses murs. Cage, Agriculture et Chat Pile ont enchaîné les sets dans une montée en puissance parfaitement dosée, jusqu’à un final aussi bruyant que marquant.
La soirée débute avec une jeune formation fribourgeoise
Malgré une salle encore clairsemée, la soirée débute sur les chapeaux de roue avec Cage, groupe qui capte l’attention du public dès les premières secondes avec une aisance remarquable. Son style agressif et son énergie réchauffent rapidement l’atmosphère.
Cage défend son premier album Star System, concentré de rage et de riffs mordants. Il propose un style hybride, flirtant avec le hardcore punk, le grunge et le hard rock, rappellant parfois les élans mélodiques et musclés de Turnstile. Le batteur partage aussi le chant, ajoutant une dynamique efficace au set.

Agriculture installe lentement son univers
Moins d’un an après leur passage remarqué à Fri-Son, le quatuor de Los Angeles revient en terres fribourgeoises en tant que tour support de leurs amis Chat Pile, pour une série de concerts partagés.
Agriculture explore un black metal d’un genre singulier, qualifié d’ecstatic black metal. Entre post-black metal, blackgaze et improvisations bruitistes, leur musique agit comme une bande-son de fin du monde : sombre, envoûtante, traversée de tensions intérieures.

Sur scène, les morceaux mettent du temps à s’installer, mais finissent par déferler comme des vagues, inspirées par les éléments et la nature — notamment dans The Glory of the Ocean, premier morceau du set qui a su imposer le style du groupe dès le début. Agriculture se dépasse et dépasse les limites de la musique en transformant la violence en extase, le chaos en communion.
Chat Pile s’empare de la scène
Clôturant la soirée, le quatuor sludge venu d’Oklahoma City s’empare de la scène devant une salle comble. Fondé en 2019 par Raygun Busch (chant), Luther Manhole (guitare), les frères Stin (basse) et Cap’n Ron (batterie), le groupe tire son nom des montagnes de déchets toxiques issues de l’exploitation minière dans leur région natale — un symbole de la dégradation industrielle qu’on retrouve dans leur musique.

Ils présentent Cool World, leur nouvel album sorti en octobre sur le label The Flenser, successeur très attendu de God’s Country (2022). Toujours plus radical, l’album mêle noise rock, sludge, hardcore et des touches de black metal. Le mixage de Ben Greenberg (Uniform, Metz, Algiers) accentue sa noirceur, au service d’un propos critique sur les catastrophes globales, la violence systémique et l’effondrement contemporain.
Sur scène, cette tension se fait ressentir d’entrée de jeu. Les riffs écrasants, la batterie martelée, et la voix de Busch captivent l’audience dans un déluge sonore aussi brutal qu’hypnotique. Cette ambiance n’a que pu réjouir le public qui s’est défoulé tout du long du concert en enchaînant les pogos au rythme violent de Chat Pile.
Entre les morceaux, le chanteur distille quelques commentaires décalés sur le cinéma filmé en Suisse — faute de connaître des films tournés à Fribourg. Cette touche d’humour au cœur du chaos sonore participe à l’atmosphère unique du concert.
Entre rage, musique brute et expérimentations sonores, la soirée a confirmé la vitalité d’une scène qui ne cesse de se réinventer, portée par trois groupes audacieux et par le lieu historique qu’est Fri-Son.
