Seule sur scène, Billie Bird s’est muée en prêtresse d’une musique céleste et exquise. Dans la chapelle de Chavannes-près-Renens, elle a présenté l’essentiel de ses compositions issues de son récent album Incendies. Et quelle splendeur ce fût !
C’est sous une pluie d’éloges venues de la parole d’Éric Linder, co-directeur du nouveau festival Hyper Ouest, que Billie Bird est entrée sur la scène. De forme carrée, surélevée face à l’autel, elle se mue en pasteur durant le culte. « Je parle pas, mais j’ai le coeur qui bat la chamade », dira l’artiste vaudoise, qui officie un moment suspendu. Car dès les premières notes jouées sur sa magnifique Fender Jaguar, elle noue un lien particulier et intime avec son public. Et pourquoi pas avec l’au-delà.
Sous la force des réverbération provenant de ses pédales et de l’architecture du lieu, un monde musical s’ouvre. Il laisse transparaître une voix aussi douce que puissante, seulement accompagnée d’une guitare. C’est l’instrument fétiche de la Lausannoise et pour ce concert spécial, aucune bande-son ne l’accompagnera. Ainsi soit-il.
Intimidée d’abord, Billie Bird prend ensuite son envol
Discrète à ses débuts sur scène, Billie Bird emmène progressivement la centaine de spectateurs dans son univers. Tout commence par Les sentiments, avec son phrasé coupé qui fait la patte de l’artiste, avant de planter assez vite le décor avec le single Venin. De quoi mettre en confiance la musicienne sur un titre qu’elle affectionne et lors duquel elle démontre une sacrée technique sur sa guitare. Entre arpèges et contre-temps, la voix est limpide. Elle ne souffre d’aucune erreur, laissant bouche-bée un public de tous âges comme sur La nuit, son plus grand succès joué plus rapidement que d’habitude. Elle confiera même avoir enclenché le pilote automatique sur celle-ci, avec « l’impression d’être dans une zone 50 à 100 km/h ».
Le trémolo sur la voix se manifeste sur d’anciens titres tels que Perdre la raison, Les déferlantes… mais aussi sur des plus récents. D’ailleurs, l’avant dernier morceau d’Incendies, À l’aube, fût probablement l’instant le plus émouvant de l’heure de concert. Il y a évidemment la musicalité, mais également le sens des paroles. Elles évoquent ici la mort d’un proche et le difficile moment du « passage ». Touchant.
Après un retour sur fond d’applaudissement chaleureux d’un public conquis, Billie Bird repart sur trois chansons. Parmi elles, une reprise de Mylène Farmer avec Sans contrefaçons, publiée en 2019 sur les réseaux et plateformes de streaming. L’accroche sonore, tout à fait différente de l’originale, fait redécouvrir le tube à un public envoûté par le moment. Celui-ci se terminera par le titre Fou, l’un des meilleurs de l’album Incendies. Il vit de ses variations rythmiques tout a fait somptueuses, mais ici, nul de tout cela. Et c’est peut-être la force de Billie Bird: celle de retranscrire aussi bien les émotions du disque sur scène.
Même seule, elle peut éteindre tous les incendies.