© Victor Perrin 

Il existe de ces moments suspendus dans le temps. Ceux qui montrent que musicalement, tout est possible. Le Festival de La Bâtie, qui se tient jusqu’au 11 septembre prochain, a eu du flair de proposer au collectif Berceuses de jouer mardi au Théâtre Pitoëff.


Dans la salle, une pléthore d’instruments sont installés en arc de cercle. On y retrouve un violoncelle, des guitares et des machines étranges. C’est surprenant, comme l’intitulé de la soirée d’ailleurs qui se décrit comme un projet collectif né de la rencontre entre huit personnes. Ou huit sensibilités, comme le souligne justement le Festival de La Bâtie. 

Effectivement, Berceuses met à l’honneur ces huit artistes qui se sont rencontré.e.s pour la première fois au festival Altitudes à Bulle en 2020. C’est sous la houlette de la pétillante Laure Betris (Kassette) que le projet est né, selon ses dires. On visualise à ces côtés des personnalités reconnues de la scène helvétique, telle qu’Emilie Zoé dont le jeu de basse est savoureux. Mais la Neuchâteloise n’est pas seule : Sara Oswald, Melissa Kassab, Aurélie Emery, Delia Meshlir, Perrine Berger et Gael Kyriakidis (alias Pony Del Sol) sont là aussi pour assurer l’un des plus beau moment scénique que la Romandie puisse vivre. 

D’ailleurs, ce moment est souligné d’entrée par une subtile bande sonore qui reprend le bruit des vagues. C’est progressivement que ce groupe unique entre sur scène, s’installant derrière leurs instruments fétiches. Les premiers accords de guitares émanent des hauts-parleurs lorsque la voix incroyablement feutrée de Melissa Kassab s’extirpe de son corps pour jouer le titre End of the World. Quel début de set le public vit, sur cette douce mélancolie qui rend émotif. « Berceuses » porte bien son nom, on est transporté dans un monde de rêves où le cauchemar n’existe pas.

Les artistes reprennent des titres qui leurs sont chers, et personnels. On apprécie la performance de Delia Meshlir qui se transcende sur Shadow Play, tandis que Aurélie Emery nous subjugue avec You Belong. Sa capacité à varier les sonorités de sa voix, conjuguée à une composition musicale parfaitement entraînante, se révèlent être une révélation pour ces gens qui remplissent les gradins du Théâtre Pitoëff. Derrière, Émilie Zoé assure à la basse : son touché est à la fois soyeux et direct. Quelle osmose se dégage entre ces huit personnes. 

Il y aurait tant à dire, car la soirée fût extrêmement bien menée et parfaite dans de nombreux moments. Oui, ces moments de calme lorsqu’une boîte à musique fût enclenchée par Perrine Berger. Ces moments d’élévation lorsque s’est chanté un titre en japonais, Watsuni, en a capela. Ces moments où le collectif Berceuses aura su partager des sourires et des voix à l’unisson, comme rarement nous le voyons à Genève.

On en redemande, et ce en espérant que ce projet ne meurt pas sur la rue de Carouge. Fort heureusement, il sera possible de revivre ça prochainement avec deux dates prévues : le 11 septembre au Nouveau Monde de Fribourg et le 18 septembre au festival Label Suisse à Lausanne!