
Titre provocateur? Absolument pas. Au sens propre, le quatuor alsacien offert un parcours sonore aussi introspectif que virevoltant dans la salle lausannoise. Et joué des titres de son dernier album studio.
Comme sur leur dernier album III, c’est par le titre Home que tout commence. Avec une voix chuchotée, Jean-Noël Scherrer (chanteur-guitariste) se présente devant la foule avec détermination. La rythmique du batteur Antoine Baschung s’invite ensuite, telle une marche militaire, et c’est à l’unisson que Julien Peultier (guitare.) et Timothée Gerard (basse) les rejoignent pour asséner un coup de massue au public. Les décibels sortant enfin des amplis, le train est lancé.
Un set rondement mené
Résumer une heure quarante de concert, où les titres les plus marquants de la discographie des Alsaciens est retracée, s’avère être un challenge. Mais ce qui importe, c’est comprendre comment le groupe reproduit parfaitement ses ambiances écoutées au casque dans un concert: on est à la frontière de la cime et de l’abîme, où l’ange et le démon se font face.

Car dès la seconde chanson, The Plan (comme sur l’album), le plan est simple: produire du bruit sourd, faire bouger les têtes et donner des frissons à une salle des Docks affichant complète (ou presque). Les instants d’immersion dans de longs morceaux, qui façonnent le style des Français, se manifestent sur quelques titres, dont les captivantes On Our Knees ou I Hate You en coeur de setlist.
Il y a aussi les « bangers » que sont Disappointed ou One By One, qui ont le don de remuer la foule sous des lumières divines (quel ingénieur!). Bref, le public passe par toutes les émotions sans parler du rappel inévitable sur The Big Picture, véritable hymne du groupe repris en coeur par le millier de spectateurs et spectatrices (« just a woman but so much more »).
De l’émotion, à tous niveaux
Avec son récent album III, la formation d’Altkirch en Alsace démontre qu’elle présente aujourd’hui l’un des meilleurs projets musical en France. Interprétant exclusivement ses titres en anglais, Last Train assume toujours ce courant linguistique alors que le français est de nouveau à la mode.
Accentuant ses phrasés, que ce soit studio ou en concert, le chanteur-guitariste Jean-Noël Scherrer pourrait-il en irriter certains? Possible… Or, ce ton exutoire ou susurré si particulier s’immerge finalement complètement dans le style du groupe, très incisif. Il laisse aussi au leader du groupe une occasion d’accentuer la dramaturgie scénique, laissant passer un surplus d’émotions qui embarque le public.

C’est d’ailleurs le crédo de la setlist que propose par Last Train ce samedi soir : une heure quarante minutes de pur rock, bien travaillé en répétition et magnifié par un jeu collectif huilé (note : on ne parle pas de football, hein). C’est l’une des forces du groupe, puisque l’autre est l’alchimie : le public ressent pleinement le plaisir des musiciens de se trouver devant lui. Et les gens qui comptent pour eux: leur équipe de tournée et Rémi Gettliffe, producteur de l’album III présent ce soir là.
Une preuve tangible de la générosité immense du groupe, qui se produira – selon eux – très bientôt dans la région pour une date pas encore annoncée : Paléo Festival? Montreux Jazz Festival? Suspense…
Billet d’humeur :
Sans une poignée d’irrespectueux énergumènes, le concert samedi soir aurait été idéal. Alors prenons ces lignes pour régler le problème vécu, une bonne fois pour toutes. Car Last Train ne méritait pas CE public.
Si la majorité des personnes présentes aux Docks de Lausanne étaient attentives à la performance du groupe, il aura fallu ÉVIDEMMENT que d’autres ne s’empêchent de s’esclaffer d’une blague douteuse, de raconter leur weekend ennuyeux, ou leur dernier date au Great (ou tout autre bar du coin…). Et à voix forte, ÉVIDEMMENT.
Alors à celles et ceux qui bousillent l’expérience des fans qui viennent partager une expérience avec leur groupe : partez, et loin. Le bar existe, utilisez-le! Et surtout : arrêtez de gâcher l’instant du moment. La sortie est souvent indiquée d’un pictogramme vert…
Des Genevois pour ouvrir ce concert lausannois
Pour ouvrir cette soirée, mention spéciale à Automobile Club! Le trio genevois, aux compositions ciselées et efficaces, a donné satisfaction au public des Docks avec un style proche de Nirvana.
Chaudement applaudi, ce « Super Groupe » d’ex-membres de The Animen (Julien Marty), Kuma (Maxence Sibille) and Promethee (Ludovic Lacroix) semblait jouer à l’énergie des derniers instants. Sur 30 minutes de set, une place aura été donnée au rock puissant… et à un nouveau venu, Needles in the Hay, titre sorti la veille du concert. Un projet local à suivre de près!

