La tête rivée sur les paysages lacustres, au bord d’une fenêtre de train, I Call You arrive à point nommé au moment où l’automne pointe son nez. Le récent album de Lea Lu, paru en ligne le 1er octobre dernier, est un rayon de soleil qui traverse la vitre. Il berce l’esprit par ses arrangements réussis et offre un voyage sans retour, sa destination étant un jardin celeste où il fait bon vivre.
Octobre 2021 – 42 min – LL Records
Après un premier EP « rabbitjj » enregistré et autoproduit seule, Lea Lu revient en force sur une seconde galette plus mature. Mieux entourée, notamment par des artistesinvités pour l’occasion (Andreas Tschopp, David Zincke, Nils Wogram, …), l’artiste dévoile sur le label LL Records un petit trésor avec I Call You.
Dès les premières effluves sonores sur Fly, Lea Lu nous emmène dans un voyage au loin. À l’image du cadre qui accompagne la magnifique pochette d’album, la voix de la Zurichoise est comme un léger souffle du vent sur les dunes. On croit d’abord entrendre le timbre d’une Norah Jones, sur un rythme plus soutenu. D’ailleurs, ce premier titre crée peut-être l’illusion d’un album aux consonances jazz, mais il en n’est rien. Elles se dissipent même rapidement lorsque se parcourt le deuxième essai de la musicienne suisse et coproduit avec le batteur Claudio Strüby.
Car la suite du disque est un savant mélange de compositions aux influences folk, parfois pop, qui auraient dû être développées et enrichies lors d’une résidence à New York. Pandémie oblige, la nouvelle destination fut le fin fond des Alpes, dans une ferme où se sont retrouvés une dizaines de musiciens venus de près ou de loin pour collaborer et jammer jusqu’au bout de la nuit avec Lea Lu. Cela a enrichi considérablement ce disque de plus de quarante minutes.
À l’instar du second titre de l’album, Fire, l’enivrant I Call You un album riche et vivace qui s’écoute allègrement dès les premières lueurs du matin, de sorte à garder le sourire le restant de la journée. C’est la force de ce format long de treize titre qui propose un panel de couleurs sonores variées. L’enchaînement des morceaux est plaisant, et ceux-ci sont parfaitement interprétés grâce à un riche panel d’instruments qui garnissent les titres. On apprecie par exemple la généreuse Take It, qui intègre subtilement des cuivres et instruments à cordes, mais aussi la simplicité qui se dégage de You et du single I Am The See, où l’assemblage d’une guitare au violoncelle fait son petit effet.
Pour inaugurer la première chronique de disque de LastNite.ch, on peut dire que la rédaction a eu le nez fin. I Call You est un album chaudement recommandé, pour les oreilles et pour les cœurs. On s’amuse encore sur le rythme entraînant de No Wants To Dance Alone car oui, c’est ce que l’on cherche du monde d’avant : ne pas être seul pour danser. Et Lea Lu nous y accompagne.
Sans nul doute, en attendant une tournée suisse et europénne pour 2022.