La magie du Festival Les Hivernales, c’est celle de déambuler à Nyon d’une scène à une autre, d’une ambiance à une autre. Si la soirée de jeudi se cantonnait essentiellement dans la Salle Communale, le weekend offre davantage de possibilités pour les festivaliers. Mais aussi de plaisirs auditifs, notamment avec Awori et Overgrass!
Pour que l’expérience pleinement vécue, il fallait donc se déplacer, tel un funambule, de scènes en scènes. Mais il y a parfois des limites à cela, quand par exemple la majorité des spectateurs affluent au même moment à la Salle Communale pour assister au premier concert de la soirée reggae qui est organisée. Biga*Ranx a certes déjà commencé, mais vu l’effervescence en ce vendredi soir, nul doute que le Français ne manquera pas de public (tout comme YaniSs Odua juste après lui). Face à des grandes files pour récupérer son précieux sésame (billet, accréditation), certains patientent et d’autres non.
Awori subjugue l’Usine à Gaz
Ainsi, c’est en direction l’Usine à Gaz que les gaz sont mis (alerte blague pas drôle). Et quelle bonne idée! Déjà parce que la mythique salle nyonnaise a subit un sacré lifting durant plus de deux années pour permettre un accueil digne de ce nom aux artistes de passage, très souvent émergents et parfois confirmés. Il y a aussi une autre raison intéressante : celle de suivre la chanteuse genevoise Awori, charismatique au possible avec flow rappelant parfois Danitsa. Avant de monter sur scène, elle a fait le plaisir aux premiers arrivés de dévoiler en exclusivité son clip Hold Me en grande partie tournée dans la ville de Nyon, que ce soit dans un établissement scolaire récemment construit et justement dans l’un des nouveaux espaces de l’Usine à Gaz.
Et que dire de sa prestation? Subjuguante! Avec ses mouvements amples habillée d’un drapé orange, Awori dévoile une voix à la fois douce et tranchante selon ce qu’elle souhaite exprimer dans ses chansons aux sonorités africaines mêlant le R&B, la soul et le hip-hop. Sa capacité à capter le regard et l’attention de son public, notamment par ses interventions entre les chansons, qui nous ramène toujours vers une forme de bienveillance qui contraste avec la période sombre vécue depuis quelques jours à l’Est de l’Europe. Elle prends le temps d’expliquer le ses de ses chansons, notamment lorsqu’il est question de faire découvrir au public l’histoire singulière de la 3ème reine de Madagascar Ranalavona, figure de la lutte anticoloniale française et forcée d’être oubliée dans son propre pays. Ce nom, c’est aussi celui de son album qui sera joué en grande partie sur scène accompagnée d’une DJ.
Quand Nyon résonne au son de Overgrass
Les Hivernales proposent une panoplie de concerts qu’il est tentant de voir ailleurs. On délaisse alors une Awori ayant conquis le coeur des spectateurs de l’Usine à Gaz pour quitter les berges du Léman. Un peu plus haut, vers la gare, c’est une toute autre ambiance qui s’annonce avec Overgrass. Le groupe sédunois est entendu à la ronde, avec son rock sauvage qui rappelle plusieurs influences notables. Il y a ce ces phases progressives qui rappellent Last Train, mais aussi ces moments de puissance qui font penser aux Foo Fighters. Il y a aussi une vague de surf rock qui peut, parfois, nous faire traverser l’Atlantique pour rejoindre les cotes californiennes. Voilà le tableau dressé pour ce trio valaisan qui attire une foule non négligeable dans le Cactus Jack, un bar toujours prompt à accueillir des groupes de rock dans son antre durant Les Hivernales.
Chez Overgrass, les compositions sont rondement menées. Elles amènent du mordant lorsqu’il faut, emmené par les solos du guitariste-chanteur et une basse jouée avec justesse. On notera aussi chez le batteur une force de frappe sidérante, pouvant être ennuyante pour les oreilles fragiles, mais qui n’enlève en rien la forte énergie qu’il transmet à ses deux acolytes donnent tout pour faire plaisir aux spectateurs… et spectatrices. Car oui, il était même possible de rencontrer au bar deux Lausannoises, une mère et sa fille, venues exprès pour soutenir – avec des cris et applaudissements nourris – les exploits de leurs chouchous. Comme quoi, il n’y a pas besoin d’être une star internationale pour avoir des fans! Et ça fait plaisir à voir!
Les Hivernales de Nyon se poursuivent jusqu’au dimanche 27 février, alors n’hésitez pas vous y rendre et visiter le site officiel pour plus d’informations ici.