Dans une soirée folle, Lil Nas X a bousculé mardi le Stravinski. Porté par une ambiance sucrée et enjouée, le public du Montreux Jazz s’est toutefois regardé avec étonnement après l’heure de concert qui a scellé la performance de l’Américain. Bien trop court pour un spectacle aussi généreux.
La venue du rappeur à succès était un petit événement qu’il ne fallait pas manquer sur la Riviera. Pour sa première date en Suisse, l’interprète du titre planétaire Old Town Road a posé ses pattes de velours sur la scène du Stravinski après une journée à barboter dans le Léman et à profiter du soleil au Palace. Et si des pattes de velours sont évoquées, c’est qu’elle furent l’un des costumes détonant qui habillait l’Américain dans un concert fou. Faisant honneur à ces artistes d’Outre-Atlantique qui n’ont pas peur de la folie des grandeurs, Montero Lamar Hill (son vrai nom) ne s’est pas défilé quant vint le temps de grimper sur les mythiques planches montreusiennes.
Caractérisé par une scénographie gigantesque composée de formes géométriques soyeuses, le concert s’annonçait déjà surprenant à quelques minutes de son début. À deux heures des douze coups de minuit, c’est une marée de danseurs qui a déferlé sur scène. De quoi donner à cette soirée spéciale une allure encore plus spéciale.
Une petite heure et puis s’en va…
Passant en revue les titres qui façonnent son court répertoire, le natif de l’État de Géorgie a démontré en une heure seulement qu’il était devenu la coqueluche d’une génération sans tabous et ouverte aux diversités. La bienveillance qui se dégageait au Stravinski créait, sans nul doute, un beau moment de communion avec un public de tous âges et multiculturel. Le titre MONTERO (call me by your name) fut l’effet d’un détonateur qui ne s’arrêta pas durant cinquante cinq minutes. Pas plus, diriez-vous? Non, car les lumières se sont rallumées, sans vergogne, après ce temps là. Une durée finalement bien trop courte et qui reste inadmissible de la part d’une tête d’affiche renommée. Ce n’est pas la première fois qu’un artiste laisse pantois son public, comme en témoigne une contre-performance ridiculement courte de Julian Casablancas lors de sa venue en 2010.
Sans tergiverser sur la durée de ce concert à la raclette, il faut souligner la qualité de la production. Lil Nas X, bien que soutenu par une bande-son, a chanté assez souvent pour ne pas que le public se sente floué (et d’une belle voix, s’il-vous-plaît). Avec sa silhouette souvent sur écran géant en arrière scène, le fantasque artiste s’est fait plaisir. Dans son concert de douze chansons environ, il intègre des danseurs de talent. Si leur présence sur la chanson introductive ou SCOOP rend le spectacle grandiose, on se demande parfois où est véritablement la place pour la musique.
Heureusement, des moments grandioses, comme avec la magnifique SUN GOES DOWN (un héron géant arpente la scène aux côtés de l’artiste) ou l’entraînante THAT’S WHAT I WANT, feront de ce concert une réussite populaire. Et la clôture sur INDUSTRY BABY, avec ses cuivres à la sauce Macklemore fera aussi son effet. Car dès le moment où toute une salle reprend à l’unisson un refrain, c’est que la fête fût belle.
Trop courte, mais belle.
Le Montreux Jazz Festival se tient du 30 juin au 15 juillet 2023. Des tickets sont encore disponibles pour les concerts programmés pour cette 57e édition. Retrouvez toutes les informations ici même.
