© Manon Voland

Samedi soir, le compositeur – entouré d’un quintette à cordes et d’une narratrice – a livré deux heures de compositions hypnotiques et bouleversantes. Entre néoclassique et textures électroniques, ses œuvres ont plongé le public dans un état de contemplation suspendue, entre émotions profondes et paysages imaginaires.


Certains ont choisi, ce soir, de se laisser envoûter par les notes hypnotiques de Max Richter & friends assis au premier rang, coupe de champagne à la main ; d’autres de s’allonger au sol, les yeux fermés, tandis que certains s’enlacent, pour ne plus se quitter.

Le compositeur germano-britannique nous a conviés à un moment à la fois intimiste et intense, dans une performance de deux heures au Montreux Jazz Festival.

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Pas de paroles, de la contemplation!

« It’s good to be back! », lance-t-il au public en entrant sur scène, avant de dérouler les huit minutes de They Will Shade Us With Their Wings, morceau d’ouverture de l’album In a Landscape (2024). Ce sera l’un des rares instants de parole de la soirée, placée sous le signe de la contemplation silencieuse, quasi-religieuse.

Max Richter ne cherche pas à briller : il joue au même niveau que le quatuor à cordes qui l’accompagne. La scénographie est minimaliste, le jeu de lumière simple, élégant, d’une justesse saisissante.

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Les compositions de la première partie s’enchaînent sans interruption, seulement ponctuées par les applaudissements. On a l’impression d’écouter une longue sonate continue, où la répétition devient refuge, et la redondance, un réconfort apaisant.

Livres et cinéma comme fils conducteurs

Après une pause de quinze minutes – comme on n’en fait plus au cinéma, un clin d’œil à celui qui a fait des musiques de films sa signature – place à The Blue Notebooks (2004). L’album, réflexion sur la violence politique et intime, alterne entre pièces instrumentales et textes lus.

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Une nouvelle présence entre alors en scène : la narratrice AFRODEUTSCHE lit des extraits du livre Le Procès de Franz Kafka, qui a inspiré l’album. Le moment est fort et nous prend aux tripes, particulièrement lorsqu’arrive On the Nature of Daylight – morceau bouleversant beaucoup utilisé au cinéma et à la télévision, notamment dans la série The Last of Us.

Le final nous renverse doucement, mais sûrement : crescendo à deux pianos, lorsque le violoniste Max Baillie rejoint Richter au clavier, lumières qui vacillent, on flotte entre deux états. La salle se lève, en apnée. Les coupes sont vides, mais plus personne n’y pense. Le temps s’est suspendu. Le monde, lui, dehors, a continué de tourner.

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