© Lionel Flusin (Montreux Jazz Festival)

Si le nom de Nick Mason n’était pas le plus ronflant pour le festivalier lambda, un monument de l’histoire du rock a pourtant posé sa batterie sur la scène du Casino ce samedi. Au plus grand bonheur des fans de Pink Floyd.


Étonnement, le public est varié : il y a autant des séniors que des jeunes adultes. Toutes les générations sont représentées (ou presque), preuve que le rock est intemporel. Et que Pink Floyd l’est tout autant, avec ce son travaillé et avant-gardiste… mais qui surtout transporte son public vers d’autres cieux.

À 80 ans, une envie de (se) faire plaisir sur scène

Dans le mythique Casino de Montreux, l’ambiance est à l’excitation. Ce sentiment est palpable, les gens se frayant un chemin sur le stand de vinyles et t-shirts proches du bar. Mais aussi, de nombreuses personnes arborent des t-shirts à l’effigie du groupe anglais. Certes, il y a le fameux design de l’album The Dark Side of The Moon qui est porté.

© Lionel Flusin (Montreux Jazz Festival)

Mais ce n’est pas ce qui est attendu ce soir, car le batteur Nick Mason est sorti du giron classique d’une tournée pour faire plaisir en reprenant des titres parus entre 1965 et 1972 comme le relate nos confrères de lematin.ch : « (…) il me manquait quelque chose, confie-t-il. Bien sûr, c’était le fait de jouer de la musique. Et j’ai voulu me concentrer sur le répertoire du début de Pink Floyd parce que je ne voulais pas être un groupe qui reprend «Comfortably Numb» encore et encore.»

En fait, Nick Mason voulait surtout se faire plaisir, comme il le disait lors du workshop au Pavillon jeudi dernier. Un retour aux sources, puisque c’est là que Pink Floyd a joué en 1971 l’album «Atom Heart Mother» lors d’un événement de musique classique. Paradoxal. Et prodigieux, comme l’était la prestation de ce samedi du haut de ses 80 ans.

© Lionel Flusin (Montreux Jazz Festival)


Hommage à Syd Barrett et piques envers Roger Waters

En raison de l’annulation de la première partie (expliquée en fin d’article), Nick Mason avait la soirée pour lui. Si cela est regrettable pour L’Éclair, ce fût probablement une bénédiction pour les amateur·trice·s de Pink Floyd. Car oui : le batteur pouvait utiliser deux heures complètes pour faire (re)découvrir au public des années chères à lui, celles en lien avec son ami feu Syd Barrett. Il faut se rappeler que les premières années du groupe de rock psychédélique voyaient se révéler cet écrivain de talent qui quitta trop vite le groupe dû à son comportement compliqué en raison de drogues.   

© Lionel Flusin (Montreux Jazz Festival)

Ce concert était un retour aux sources, où l’expérimentation était à son firmament. Car même ici, tout commence avec des sons de l’espace, comme si un astronaute s’arrimait sur la Lune. On est loin de la chanson reprenant le nom du satellite de la planète Terre mais ici on part déjà loin. Puis survient les premières notes du pianiste Lee Harris avant que surviennent les sons incisifs des guitares de Gary Kemp, Lee Harris. Tout ce petit monde est évidemment rejoint par l’immanquable Guy Pratt, collaborateur de Pink Floyd suite au départ de Roger Waters, et enfin la star du soir: Nick Mason.

Un Nick Mason qui tient la forme

Sur ses futs, ils joue comme avant: avec finesse, et sensibilité. Chaque coup est réfléchi, il ne cherche pas à en faire trop et se ménage assez pour pouvoir durer sur près de deux heures de concerts. Entre temps, il donne quelques blagues sur le comportement omniprésent – et compliqué – de Waters.

Mais n’oublie jamais de remercier au micro ce moment magique, tant attendu par lui et le groupe après des tournées mondiales depuis 2017, de venir enfin jouer à Montreux. Comme quoi, parmi les plus grandes salles, jouer au Casino devant une poignée de privilégié·e·s peut rester comme l’un de ses meilleurs souvenirs.

Pour le public, ce souvenir sera matérialisé par des jeux de lumières immersifs, un jeu exquis des musiciens et un final fantastique marqué par plus de vingt minutes du titre Echoes de l’album Meddle (1971). Un demi-siècle plus tard, la boucle est bouclée pour Nick. Merci pour tout. 

Une première partie annulée

Pour se plonger dans la féérie de cette soirée vécue avec Nick Mason, il faut un instant oublier la déception subie par L’Éclair. Initialement programmé, le groupe genevois, qui tourne à l’international, devait ouvrir pour l’une de leurs inspirations selon un article récent de 20 Minutes.

Le quotidien a enquêté et visiblement l’organisation de scène du batteur de Pink Floyd était plus imposante que prévue sur les plans par le Montreux Jazz Festival. Résultat, une annulation pure et simple à quelques jours du concert.

Une action qui passe mal pour certain·e·s en raison du faible nombre d’artistes suisses programmés sur les scènes principales. À chacun son avis sur la question…