Parmi les têtes d’affiche du Nox Orae, Still Corners a prouvé qui était le chef de file d’une dreampop toujours appréciée des mélomanes. Le festival basé à la Tour-de-Peilz ne pouvait espérer mieux pour sa soirée d’ouverture.
Il fallait remonter en 2019 pour retrouver le groupe anglais en Suisse romande, après un passage remarqué à l’Amalgame d’Yverdon-les-Bains. Toujours aussi envoûtant, le duo composé de Tessa Murray (chant, synthétiseurs) et Greg Hughes (guitare) s’affirme aussi avec le temps. Accompagné pour sa tournée européenne de l’été par un batteur coutumier du fait, le groupe formé sur un quai de gare en Angleterre ne se fait pas rattraper par un train arrivant à vive allure.
Oui, c’est Still Corners qui, aujourd’hui, sublime une dreampop autrefois propulsée sur le devant de la scène par des groupes tels que Slowdive et Beach House. Un duo qui respire la maîtrise de son sujet, avec des mélodies percutantes, une voix céleste et un jeu de guitare exquis. La recette magique pour embarquer le public du Nox Orae, dans le magnifique cadre imaginé par ce festival réputé pour son excellente programmation (Bertrand Belin, Etran de l’Aïr, Crème Solaire, Baxter Dury, Swans…).
Aux côtés de Tessa Murray, Greg Hughes fait des étincelles
Si devant le public la présence de Tessa Murray est indispensable de par sa grâce et son talent inné au chant, que dire de Greg Hughes? Compositeur principal des magnifiques balades que propose Still Corners, celui qui est né aux États-Unis propose des rythmiques variées et des solos parfaitement maîtrisés. Le tout sur une seule guitare, une Fender Stratocaster. D’un blanc immaculé, l’instrument rayonne sur scène au même titre que son propriétaire, habillé tout de blanc lui aussi.
Aux côtés de Tessa Murray, Greg Hughes s’amuse de façon discrète. On ressent une connexion inébranlable entre les deux, celle qui se manifeste depuis 2007 et leur rencontre qui accoucha sur ce groupe sous-estimé mais au combien incontournable. Qui n’a jamais entendu des titres tels The Twilight Hour ou Fireflies dans des séries télévisées, des films ou encore des publicités? Si elles n’ont pas été jouées, cela montre l’immense discographie qu’a crée le groupe, elle qui s’étale sur plus de dix ans avec six albums studio.
Ce jeudi au Jardin Roussy, il y a eu des valeurs sûres jouées avec la sublime Black Lagoon, l’entraînante Heavy Days ou la récente The Last Exit. Il y a eu aussi de belles surprises avec deux reprises, la première de The Crying Game par Dave Barry et l’incontournable So Far Away de Dire Straits. D’ailleurs, à coups de petites notes jouées subtilement lors de solos, on remarquait aisément que le jeu du guitariste se rapprochait furieusement de celui de Mark Knopfler. Une référence, très certainement.
Tout cela se concluait par le plus grand succès du groupe, The Trip. La quintessence de ces chansons parfaites pour profiter d’un coucher de soleil, sur le lac Léman. Un endroit qui a été apprécié, Tessa Murray se confiant vouloir revenir sur nos terres en vacances.
À la fin du concert, il est évident que les chansons de Still Corners résonneront toujours dans la tête des spectateurs. Comme la bande-originale du film que chacun de nous idéalise.
L’édition 2023 du Nox Orae se poursuit jusqu’à ce samedi soir. N’hésitez pas à découvrir ce magnifique festival, sa programmation et ses infos pratiques, par ici.