Los Bitchos © Michel Bertholet – Nox Orae 2024

Cette 14e édition de la Nox Orae aura ravi son public, comme le montre le record d’affluence vendredi. Retour sur la dernière soirée du festival, marquée par la performance survitaminée de Los Bitchos.


Après une soirée du vendredi comble, le festival Nox Orae a prouvé une nouvelle fois qu’il restait un rendez-vous incontournable pour les amateurs de musique indépendante et expérimentale. Cette édition a tenu ses promesses, offrant une scène à des artistes d’horizons divers qui ont su captiver le public.

Entre l’énergie débordante de Los Bitchos, la profondeur mystique de LucidVox et la douce introspection de MorMor, la soirée a été un voyage sonore à travers des univers singuliers. Seul bémol : il était difficile de trouver une vraie cohérence dans la programmation du samedi. Retour sur les trois artistes qui ont porté la soirée:

Los Bitchos : le groove tropical 

Le coup de coeur de la soirée, c’est sans hésiter Los Bitchos. C’est un groupe londonien de rock psychédélique essentiellement instrumental, composé d’une Suédoise, d’une Uruguayenne, d’une Australienne et d’un Anglaise.

Josefine Jonsson, bassiste de Los Bitchos © Michel Bertholet – Nox Orae 2024

Malgré l’absence notable de leur claviériste habituelle, Augustina Ruiz, remplacée pour l’occasion par un guitariste, Los Bitchos ont assuré le show avec brio. Elles ont proposé un cocktail explosif de cumbia tropicale et de grooves entêtants, qui a fait bouger le public dès les premières notes.

Il y a le groove de Khruangbin sous stéroïdes et on pourrait reconnaître des ressemblances avec BALTHVS, mais Los Bitchos reste néanmoins plus dansant.


Leur set a été marqué par l’énergie communicative de la bassiste et les performances captivantes de la guitariste, qui n’a pas hésité à ajouter des congas à la batterie pour intensifier encore le rythme.

La soirée a pris une dimension encore plus festive avec la présentation de plusieurs morceaux de leur tout nouvel album Talkie Talkie, sorti le 30 août dernier. Des titres comme Talkie Talkie, Charlie Charlie et La Bomba, avec leurs riffs accrocheurs, ont fait vibrer le public, confirmant la réputation du groupe comme l’une des formations les plus excitantes du moment.

Lucidvox: la puissance du rock en exil

LucidVox, un quatuor féminin russe, a captivé l’audience et a apporté au festival Nox Orae une intensité brute et électrisante. En exil depuis l’invasion russe en Ukraine, ces artistes ont canalisé leurs expériences personnelles et collectives pour créer un son unique, mêlant influences polyphoniques russes et sonorités contemporaines.

© Michel Bertholet – Nox Oare 2024


Sur scène, on entend un mélange audacieux de psych-rock atmosphérique, de riffs lourds et d’influences folk russes. Les quatre musiciennes ont livré un show puissant, habité par des harmonies vocales captivantes et des sonorités hypnotiques, parfois rehaussées par l’apparition d’une flûte traversière.

Entre douceur et puissance, Lucidvox a délivré un show émouvant. Le public a été emporté par cette fusion unique de tradition et de modernité, qui résonnait comme un cri de résistance et de liberté.


Une douce introspection avec MorMor

Normalement, une programmation de fin de soirée fait monter en intensité et en bpm. Cela n’a pas été le cas du samedi à la Nox Orae. Originaire de Toronto, MorMor a apporté une note mélancolique et douce à la soirée, avec son intéprétation de l’indie-pop et de cloud rock.

Accompagné de deux musiciens (un claviériste et bassiste et batteur), le chanteur-guitariste a capté l’attention du public par son timbre délicat et sa poésie empreinte de tristesse.

© Michel Bertholet – Nox Oare 2024


Pourtant, malgré la vulnérabilité de ses compositions, l’artiste est resté distant avec le public, presque timide, avec des pauses entre les morceaux où il s’isolait pour discuter avec l’ingénieur du son ou ses musiciens. Comme si les émotions véhiculées par ses chansons d’une sincérité palpable, en particulier Some Place Else et le morceaux final Heaven’s Only Wishful se suffisaient à elles-mêmes.

Le public, d’abord réservé, s’est peu à peu laissé emporter par cette mélancolie douce-amère, clôturant ainsi une soirée riche en émotions et en découvertes musicales. Une belle façon de terminer une magnifique édition !