Chalk © Michel Bertholet – Nox Oare 2024

Après un jeudi visiblement réussi à la Tour-de-Peilz, le Nox Orae se poursuivait vendredi avec des groupes de qualité. Et ce malgré une annulation de dernière minute…


L’annonce est survenue à quelques heures d’un concert prévu à 20h20 : Upchuck devait jouer sur la petite scène adjacente à la principale, mais dans un message diffusé sur les réseaux sociaux, le festival vaudois déplorait grandement une annulation indépendante de leur volonté.

Car oui, le vol du groupe américain a été cloué au sol aux Etats-Unis et est resté coincé sur le tarmac de Richmond pour cause de panne d’essence. Un manque de chance, qui en aura donné une à la formation suisse Darius.

Darius remplace avec brio Upchuck

En continuité d’une prestation toute en intimité, guitare à la main, de Ty Segall, habitué du Nox Orae, il fallait du lourd pour offrir une prestation à la hauteur des attendus Upchuck. Avec Darius, le festival a visé juste car les Fribourgeois peuvent se targuer d’être sûrement l’une des belle surprise de la soirée.

C’était l’occasion pour le quintet de proposer un rock « imposant, massif, rocailleux et dramatique », comme le décrivent si bien nos confrères de GRIFF.

© Michel Bertholet – Nox Oare 2024

Des superlatifs qui accompagnent les morceaux de leur récent album instrumental Murmurations, porté par l’excellent label Humus Records (Etienne Machine, Emilie Zoe, Peter Kernel, Baby Volcano entre autres).

La puissance dégagée depuis les futs de la batteries jusqu’au devant de la scène par les guitaristes donne un corps puissant, uni même, au groupe. Il peut autant retourner une petite (comme au Nox Orae) qu’une grande scène, preuve d’une grande aisance d’une forte expérience glanée sur les scènes romandes (PTR, Fri-Son, Ebullition, …).

Glass Beams, le masque sans la plume

En référence à l’émission de France Inter, l’idée de ce titre n’est pas de déplorer une qualité de composition médiocre. Au contraire, l’heure passée aux côtés de Glass Beams a fait révéler un groupe à la qualité indéniable sonore qui mêle rock, psychédélisme et influences orientales.

C’est seulement qu’en parlant de plume, il ne faut pas s’attendre du groupe australien de découvrir des paroles profondes: les voix subtiles et roucoulantes viennent seulement effleurer les instruments qui jouent en harmonie.

© Michel Bertholet – Nox Oare 2024

Formé durant la pandémie de Covid, le trio a eu le temps de créer un réel univers musical et visuel pour surprendre le public. Chacun des membres porte un masque de verre ornés de bijoux aux couleurs dorées, de quoi faire son plus bel effet sur scène.

Couplé à une gestion des lumières exquises et un rendu impressionnant de justesse, la venue des gars de Melbourne aura donné satisfaction au Nox Orae. Si la musique proposée s’apparente presque un à voyage céleste sans interruption, avec ses grandes qualités (l’atmosphère) et ses quelques défauts (la répétitivité), c’est que l’effet est plus que réussi. Chapeau!

Chalk déboîte les corps (et les esprits) en fin de soirée

Après les Suisses de Acid Amazonians, une claque s’est produite dans tout le festival à partir de 00:20. Qu’on se le dise clairement. Et sur les réseaux sociaux, Nox Orae ne s’est pas prié pour dire tout simplement que c’était « intense, puissant et violent ». Bien résumé.

C’est donc à cette heure-ci que les Irlandais de Chalk ont fait leur irruption sur scène. En une certaine discrétion, mais sans vouloir l’être finalement au niveau du son envoyé.

Mêlant post-rock, punk, sonorités électroniques, le trio composé de Ross Cullen, Benedict Goddard et Luke Niblock est un véritable groupe de live. Il a la faculté de donner des ambiances si diverses en quelques instants qu’il apparaît comme un magicien des sons, capable de transcender ou de donner lieu à des moments d’apaisement. Étrange, mais dans le bon sens du terme.

Cela est même fascinant. La présence charismatique du chanteur a fait aussi la différence ce soir là : il est aussi irrévérencieux que sensible, et le public s’identifiait totalement à lui.

C’est un peu aussi, le caractère de ce magnifique Nox Orae qui bouscule les codes et donne encore une place importante au rock dans le monde des festivals.

© Michel Bertholet – Nox Oare 2024