© Paléo 2022 – Anne Colliard

La jeune artiste cap-verdienne était de passage à Paléo pour faire danser la scène du Dôme aux rythmes de son pays. Mais aussi pour aborder des thématiques engagées et qui lui tiennent à cœur. Rencontre avec Elida Almeida, quelques minutes avant son concert.


Bienvenue à Nyon! C’est la première fois que tu viens en Suisse ?

Non, je viens souvent. Par exemple, j’étais là il y a un mois pour un concert pour la communauté du Cap-Vert. La dernière fois, j’ai pris un jour juste pour me balader. J’ai été à Lausanne et c’était super.

Comment pourrais-tu décrire ton concert de tout à l’heure au Dôme ?

Je peux dire qu’on va au Cap Vert ! Ce concert, et spécifiquement les concerts d’été, je l’ai préparé avec beaucoup d’amour. C’est un mix de tous mes albums que j’ai déjà sorti.

Dans les thématiques que tu abordes dans tes chansons, il y en a beaucoup qui concernent le Cap-Vert et aussi des thématiques plus personnelles. Est-ce qu’il y en a une qui te tient particulièrement à cœur ?

Oui j’ai une chanson, Forti Dor, qui fait partie de mon deuxième album et qui parle de violence dans la jeunesse. Ce n’est pas une chanson personnelle parce que je n’ai pas vécu ça, mais c’est très fréquent au Cap-Vert. Il y a eu un moment où ça s’était calmé, mais maintenant ça recommence. Chaque jour, il y a des gens qui perdent la vie à cause de gangs rivaux. C’est une chanson qui parle du Cap-Vert mais j’ai l’impression que ça parle un peu du monde entier. Par exemple, j’ai eu des retours de personnes du Brésil où c’est aussi un problème.

C’est important pour toi de pouvoir raconter ces histoires à travers la musique ?

Oui c’est important, j’essaie toujours. Mon style est très festif et dansant mais j’essaie toujours d’avoir des messages à côté des mélodies aux rythmes festifs. Je parle de la violence domestique, je parle des moments doux et amers qu’on a dans la vie.

«Il y a toujours un message dans mes chansons, en plus du rythme festif»

© Paléo 2022 – Anne Colliard

Et c’est toujours toi qui écrit toutes tes chansons ?

Oui, c’est moi qui écrit tout.

C’est important pour toi de raconter à ta façon ?

Oui, surtout parce que le Cap-Vert est connu pour sa musique. Mais c’est toujours des femmes qui chantaient des chansons composées ou écrites par des hommes. Ça commence à changer et moi j’essaie toujours de faire ça. J’ai toujours en tout cas 90% de l’album qui vient de moi. C’est important et ça commence à changer. Après moi, il y a beaucoup de nouvelles artistes qui commencent à voir qu’elles ont des histoires à raconter.

«Il ne faut pas laisser les hommes raconter nos histoires si on peut le faire !»

Dans les jeunes artistes, comment tu vois la jeune génération et la scène musicale du Cap-Vert ?

Je pense qu’on est bien. Je fais partie d’une génération dont je suis fière parce que la musique du Cap-Vert était tenue par les hommes et maintenant il y a une génération après Césaria (Evora) qui veut s’exprimer. En ce moment, quand on parle de la musique du Cap-Vert, on parle des femmes ! Ça veut dire que les choses ont changé. Avant, nos parents ne nous laissaient pas avoir la musique comme profession. Maintenant on voit que même eux se disent « Voilà tu peux vivre de la musique, tu peux être une artiste et être connue dans le monde entier ».

Cette façon de voir la musique, du point de vue des femmes, c’est aussi d’après toi une façon de faire passer des messages qu’on ne pourrait pas faire passer autrement ?

Je crois qu’il commence à y avoir des choses qui bougent dans la musique, mais aussi dans la politique. Quand on parle du Cap-Vert, on parle de l’Afrique de l’Ouest et c’est normal que notre chemin soit plus long en comparaison à d’autres pays dans cette bataille là, pour avoir plus d’espace pour les femmes. Je pense qu’on commence à y arriver.

Merci! On se réjouit de te revoir sur scène. On va danser malgré la chaleur.

J’espère bien !