La deuxième soirée de Paléo avait fort à faire, vu la qualité de la soirée du mardi. Entre les artistes militantes Suzane et Fatouma Diawara, la soul de Rag’n’Bone man, l’électro-pop francophone de P. R2B et finalement Sting, on en aura eu pour notre argent. Exit le show pyrotechnique de KISS du premier soir, ce mercredi était aussi légendaire mais d’une autre façon. Retour sur cette soirée.
C’est que la soirée avait déjà bien commencé, avec en star deux artistes engagées et militantes. L’ouverture de la grande scène s’est faite avec Fatoumata Diawara. La chanteuse malienne a entraîné les festivaliers dans un voyage vers son continent et son pays. Un savant mélange de musique traditionnelle et moderne n’oubliant pas ses racines et son héritage. Ce n’est pas pour rien qu’elle a pu collaborer avec Damon Albarn ou Matthieu Chedid. Très engagée sur les questions de son pays, des droits des femmes et des enfants elle apporte une touche d’espoir en ce début d’après-midi.
Viens ensuite le tour de Suzane sur la scène Véga. Révélation aux victoires de la musique 2020, la française aborde tous les thèmes sans tabou. Il est où le SAV ? traite de la crise écologique, P’tit gars de l’homophobie ou encore Pendant 24h interprété en duo virtuel avec Grand Corps Malade du harcelement et clichées hommes-femmes. Il n’en fallait pas plus pour lancer une deuxième soirée de Paléo qui s’annonçait sous les meilleurs auspices
La soul généreuse de Rag’n’Bone Man
Retour à la grande scène, remplie à bloc pour Rag’n’Bone Man. Celui qui s’est fait connaître avec son premier album Human n’a plus rien à prouver à ses fans. Une voix et une technique parfaite sur scène, accompagné de musiciens de talent. Alternant entre blues, soul aux notes gospel et ballades plus calmes l’Anglais manie tous les registres. Mais ce qui frappe également c’est son humilité et modestie sur scène. Rag’n’Bone Man n’hésite pas à laisser la place à ses musiciens. On est généralement habitués à voir des choristes en fond de scène assurer les backing vocaux des artistes solos, mais ce n’est pas le cas ici. Rag’n’Bone Man est généreux, enchaînant coup sur coup des duos avec chacune de ses choristes, leur laissant la chance de pouvoir exprimer leur talent, et quel talent !
Le concert se terminera finalement, sans surprise par Human, le tube de l’artiste que tout le monde connait. Mais de l’aveu même de l’artiste, ce n’est pas sa chanson préférée de son premier album (comme il l’a avoué plus tôt, c’est Grace). On a un peu l’impression qu’elle est dans la setlist comme « cahier des charges », malgré une interprétation sans défaut. Mais on apprécie a 100%, comme tout le reste du concert qui a ravi toute la plaine de l’Asse.
L’électro-pop jouissive de P.R2B
C’est à ce moment que deux choix se présentent. Metronomy sur la scène Véga ou P.R2B au Club Tent. Etant très friands de nouveautés et curieux de voir sur une scène intimiste l’artiste française, c’est la deuxième options que nous avons choisi. Joyeusement éclectique, l’électro-pop de la française fait mouche. On passe par toutes les émotions, envoûtantes ballades comme La Chanson du Bal ou hyper dansants comme La Piscine qui déchaîne la foule sous le chapiteau.
Il est très difficile de définir le style de P.R2B tant celle-ci surprend dans la variété et la qualité de ses prestations. Avec parfois un chant emprunté au rap ou alors mélodieux, elle est accompagnée de trois musiciens, jouant de boites à rythme, basse ou encore saxophone, tandis qu’elle s’empare à l’occasion de sa clarinette. Mélanges atypiques et originaux, on a retrouvé une musicalité originale qui n’a peur de rien, et une prise de risque parfois oubliée dans la pop française.
La légende Sting
Après quelques gouttes de pluie le gros des spectateurs s’était retrouvé devant la grande scène pour accueillir celui qu’on ne présente plus. Sting était attendu pour un retour qui s’annonçait passionnant et riche en émotions.
Une entrée sur scène avec Message In A Bottle, suivie de Englishman in New York, on n’en demandait pas plus pour commencer le concert. Il est vrai que les deux-trois chansons extraites de son dernier album n’ont pas forcément fait mouche auprès du public. Mais les grands classiques de son répertoire étaient au rendez-vous. Que ce soit du coté de The Police ou de ses albums solos, ce ne sont pas les tubes qui manquent. A l’image de Rag’n’bone man, Sting aussi laisse la part belle à ses musiciens, renonçant même à certains de ses couplets pour faire leur place, comme sur Shape of my Heart, avec la contribution de son choriste Gene Noble pour en faire une version presque soul.
Sting est connu pour marier les genres, entre le rock, Jazz encore reggae. Ce n’est pas un secret qu’il affectionne ce genre, comme en témoigne son album 44/876 en collaboration avec Shaggy. C’est pourquoi on n’est pas surpris de voir So Lonely se muer l’espace de quelques secondes en No Woman No Cry, dont Sting entonnera les paroles avant de repartir sur le refrain. Après Every Breath You Take, les musiciens s’éclipsent, mais on est certains qu’ils vont revenir. Il aurait été impossible de partir sans qu’on ait entendu Roxanne. Après que le public a entonné le nom de celle qui « don’t have to put on a red light », et un deuxième couplet remixé en version reggae, Sting nous quitte avec une version de Fragile, en solo au centre de la scène. Légendaire.
L’édition 2022 du Paléo Festival de Nyon se poursuit jusqu’au dimanche 24 juillet 2022. Pour plus d’informations, c’est par ici.