© Paléo 2022Lionel Flusin

Pour sa première soirée de festival, le Paléo a fait fort, et surtout fait plaisir aux fans de rock à Nyon. Il y eu d’abord les membres de Turnstile qui ont déboîté la nouvelle scène Véga pour son inauguration. Puis Dropkick Murphys qui aura donné de la joie lorsque le soleil se couchait tandis qu’émergeait un peu plus tard un groupe à suivre de près : The Murder Capital. Récit de la soirée de mardi, marquée surtout par la venue exceptionnelle de KISS  qui a ravivé la flamme du hardrock des seventies.




Un phénomène était de passage à Nyon, et nos confrères du Matin l’ont parfaitement résumé dans leur titre puisque « le baiser d’adieu de Kiss à L’Asse était torride ». Dans le cadre de leur tournée d’adieu, les New Yorkais tiraient leur révérence pour sa dixième et dernière fois sur sol helvétique avec un spectacle à la hauteur de leur immense carrière. Elle a démarré il y a quarante ans, une éternité pour certaines et certains trahis par leurs cheveux gris. Mais quel plaisir d’observer chez eux cette joie illuminant leurs visages comme des enfants dans un magasin de jouets. Il faut dire que la scène se retrouve transformée en un donjon ceinturée de grandes statues à l’effigie des musiciens qui surchauffe. Les visages se retrouvent vitent illuminés par une pléthore de feux d’artifices qui font du concert de KISS un événement à marquer au fer rouge sur la bible du Paléo Festival. Sur scène, le guitariste Paul Stanley et le bassiste Gene Simmons, deux membres historiques du groupe américain, font le show. Il n’y en a pas un pour rattraper l’autre lorsqu’il faut regarder la caméra en faisant des grimaces et lorsque vient le moment d’haranguer le public avec des petites phrases en français pour amuser la galerie. Des jeunes en devant de scène, t-shirts à l’effigie du groupe de hardrock, semblent apprécier le moment. 

© Paléo 2022Ludwig Wallendorff

Pendant le concert, des classiques du répertoire de KISS seront joués et le tube I Was Made For Lovin’ You fait presque tâche face à des morceaux de meilleur acabits tels que Lick it Up ou Detroit Rock City qui ouvre le bal de façon incroyable. Emmené par des riffs légendaires et une énergie folle, rien ne laisse croire que Simmons et Stanley ont passé le cap des septante ans. Certes, certaines pistes vocales semblent pré-enregistrées pour ménager la voix du Starchild, mais le public n’en a cure : the show must go on avec un Simmons en vrai démon lorsqu’il doit tirer la langue, cracher du faux sang ou lâcher sa basse pour pointer le public du doigt via sa caméra. Tout cela se terminera sur l’excellente Rock and Roll All Nite avec une guitare brisée.

Kiss my Asse!

Une ouverture de festival réussie avec Turnstile

Au coeur de la poussière, la lumière traverse les particules terreuses pour éblouir un public encore timide devant la scène Véga. Imposante, elle offre un spectacle pourtant ébouriffant avec le groupe américain Turnstile. Présentant sur scène des chansons marquantes de son répertoire, et plus particulièrement celui de son très réussi album Glow On paru en 2021, la bande du charismatique Brendan Yates a fait forte impression. Le chanteur, complètement déjanté sur scène à torse nu, n’aura d’ailleurs pas mis longtemps à capter l’attention de son public avec des acrobaties et une énergie folle. Il finira d’ailleurs dans un moshpit avec le public, ne perdant pas le fil de ses paroles malgré le mouvement rotatif autour de lui. C’est le retour du punk-rock tel qu’il était aimé il y a des années de cela, lorsque par exemple Rage Against The Machine faisait fureur (et encore maintenant avec leur tournée mondiale). Turnstile ne cache pas l’influence notoire qu’a pu avoir le groupe de Tom Morello, donnant ainsi une force géniale sur des morceaux tels que Blackout ou Mystery. Une parfaite façon d’ouvrir le festival avant Dropkick Murphys.

© Paléo 2022Laurent Reichenbach

Bastion de Boston à Paléo

Sur une grande scène affûtée pour accueillir KISS en fin de soirée, Dropkick Murphys est resté simple : pas d’artifices, juste du punk emmené par les inusables Ken Barr et Matt Kelly. À la basse et à la batterie, les deux compères de toujours soulèvent les foules lorsque surviennent des morceaux iconiques : I’m Shipping Up To Boston fait sautiller une foule enthousiaste et heureuse de retrouver la plaine de l’Asse, Rose Tattoo se mue déjà en l’un des hymnes du festival avec son refrain accrocheur et Johnny, I Hardly Knew Ya rappèle aux fans que l’album The Meanest of Time est désormais vieux de quinze ans… mais qu’il n’a pas pris de ride. Finalement comme ce public de la Grande Scène du Paléo, assez hétéroclite, qui représentait autant une ancienne génération de mélomanes de punk celte qu’une nouvelle avide d’expériences enthousiasmantes. Ce qu’offre définitivement Dropkick Murpyhs à chacune de leurs prestations. 

© Paléo 2022Anne Colliard

The Murder Capital sidère le Club Tent

Un album, When I Have Fears, paru en 2019. Une scène, le mythique Club Tent, théâtre des meilleurs découvertes du festival. Dans le même temps, Mathieu Chedid alias M qui sublime la scène Véga. Autant dire que la foule ne s’est pas déplacée en masse pour The Murder Capital, groupe dublinois qui fait sensation sur la scène post-punk. Ils sont la lignée de Idles, Slaves ou Shames. Leur musique ressemble à s’y méprendre à celle de Fontaines D.C., mais au contraire de leurs compères irlandais, The Murder Capital capitalise sur une musique aux mille surprises tellement maîtrisée qu’elle a cette capacité à embarquer le public dans l’au-delà. Certains morceaux tels que Green & Blue peuvent durer plus de six minutes, le temps de s’installer dans une ambiance à la fois onirique et angoissante.

© Paléo 2022Ludwig Wallendorff

Un magnifique paradoxe qui est magnifié par un autre élément sur lequel le groupe capitalise : le charisme saisissant de son chanteur. James McGovern, qui maîtrise un peu le français, est un vrai phénomène. Ce personnage imprévisible peut se autant retrouver autant dans le public pour fumer une clope en observant jouer ses potes musiciens que se délecter d’un crowdsurfing. Et sa voix, autant puissante que douce, offre une palette d’émotions insoupçonnées. Après cette performance magistrale, The Murder Capital se positionne comme le coup de coeur de cette première soirée. Et probablement du festival en entier.

L’édition 2022 du Paléo Festival de Nyon se poursuit jusqu’au dimanche 24 juillet 2022. Pour plus d’informations, c’est par ici.