Le duo folk marquait vendredi l’ouverture de la saison des Caves de Versoix. Dans ce lieu charmant, la chanteuse genevoise et le dessinateur ont dévoilé des morceaux de leur premier album Automatic Songs.
Affichant complet avec 80 places assises toutes occupées, les Caves n’auraient pas pu mieux espérer mieux comme scénario. Et si l’on pouvait supposer que des personnes curieuses sont venues exclusivement admirer le père de Titeuf, guitare à la main, c’est probablement faux. Car ce projet musical n’est pas que le fruit de l’imagination de Zep. C’est aussi celui de Valérie Martinez, connue du tissu local pour ses collaborations avec les formations Martinez ou encore Tempula Clark.
De la complicité pour des sonorités solaires et touchantes
Un duo, oui? Mais pas seul, car il est accompagné des talentueux Christophe Calpini (batterie), Christophe Bugnon (basse) et Julien Dinkel (claviers, guitare, chant). Ce dernier, ex-membre de Quiet Island, tisse d’ailleurs un lien particulier avec Zep qui l’a épaulé très jeune dans leur passion commune pour le dessin. Preuve de la belle osmose qui émane sur scène, en cette soirée pluvieuse de septembre.
Si le ciel était morose, l’ambiance aux Caves l’était moins. Voir pas du tout. C’est avec simplicité que le quintet se présente devant le public, Valérie Martinez avouant avoir bien profité du vin blanc offert par la salle. Désinhibant? Certainement pas, la Genevoise étant solaire et souriante devant son public, n’hésitant pas une seconde à le faire rire avec des blagues.
À ses côtés, Zep enchaîne avec une aisance sans pareil, tandis que la chanteuse cherche l’approbation chez ses musiciens. Un rictus du bassiste paraîtra comme l’une de ses plus belles réussites de la soirée, alors que c’est sa voix qui en est une.
Durant une généreuse heure et quart de concert, The Woohoo aura offert des moments de complicité plaisants pour entamer le weekend. Entre l’ambiance chaleureuse du lieu et les compositions originales envoûtantes, ce vendredi avait de quoi plaire. Magnifiquement soutenus par la précision de Christophe Bugnon et la polyvalence de Julien Dinkel, Valérie Martinez et Zep peuvent dérouler leur univers soyeux et complice à l’image de la belle Baby Please lors de laquelle l’auteur de bandes dessinées s’essaye au ukulélé. Avec succès.
Zep et Valérie Martinez se complètent
À la jonction de Bob Dylan, Ben Harper ou Paolo Nutini, le duo joue avec les mots (pour elle) et les notes (pour lui). Maîtrisant bien son instrument, débuté à l’âge de 12 ans, le quinquagénaire montre une nouvelle palette de ses talents multiples. Son jeu est assez juste, subtil même qui mèneront parfois à des solos bien construits, comme un coup de crayon sur une feuille vierge. Quelque peu « forcé » par le producteur Mark Daumail à oser prendre le micro, notamment sur Too Young to Be a Rolling Stone, il avouera lui-même être moins à l’aise au chant.
Sur ce morceau, on sent encore une fragile timidité qui témoigne aussi d’une belle humilité à laisser la lumière sur sa compagne, en s’octroyant quelques backing vocals comme sur I’ll Be Around. Car Valérie Martinez n’a plus grand chose à prouver de ses qualités, elle qui était à deux doigts de signer pour Sony Music comme révélé chez nos confrères de L’Illustré.
Le public aura compris que son timbre sert pleinement le genre musical qui est celui de The Woohoo : une pop-folk mélodieuse et voyageuse. Il y a eu ces moments suspendus sur le piano-voix de Silent Call, maisaussi la très réussie nouvelle chanson Cause to Nothing, jouée pour la première fois en concert. Et quoi de mieux que terminer la soirée (ou presque) sur Last Song of the Day ? Un message explicite qui aura eu le mérite d’offrir, au final, une belle ovation au duo.