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Vendredi dernier, l’artiste et désormais star Théodora était à Genève dans le cadre de son Bad boy lovestory Tour. Elle y présentait sa mixtape au public de la Gravière, une date mémorable à plusieurs égards.


Paradis artificiels ou Enfers véritables

Fin 2022, les diggers et la critique découvraient l’univers de Théodora avec Le paradis se trouve dans le 93, issu de l’EP Lili Aux Paradis Artificiels. Ce premier tome et son numéro deux peuvent être lus comme une succession d’épisodes décrivant les aventures de la chanteuse et l’évolution de son climat intérieur.

« Mon cœur est noir, le ciel est gris, j’allume la verte et puis tout brille »

On y écoute une femme d’alors 19 ans, accablée par la solitude, qui utilise musique, drogue douce et son imagination pour constituer les paradis artificiels permettant d’y échapper. Alors qu’elle commence par « chante[r] pour oublier [les] blessures » dues à son isolement, ses peines de cœur et sa précarité, son succès naissant lui apporte peu à peu des amis et une vie sociale épanouie. Désormais « tout ce qui [lui] manque c’est un peu d’amour », sentiment encore étranger pour Théodora qui le fantasme.

« J’peux pas trop parler d’amour. C’est qui ? Pourquoi tout l’monde le kiffe ? »

Ceci va changer lorsqu’elle rencontre celui autour duquel tourne l’épisode suivant de la saga : Monsieur « Bad boy ».

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Bad boy lovestory

Bad boy lovestory, c’est un jeu du chat et de la souris que se livrent la chanteuse et l’élu de son cœur, et dans lequel le monde de la nuit joue un rôle important. En club, Théodora est confiante, au centre de l’attention, et incarne pleinement son nouveau rôle de Boss lady détachée, jouant le jeu de la relation toxique dans laquelle elle s’est engagée.

Les titres qui relatent cette réalité, comme 243km/h, FASHION DESIGNA et KONGOLESE SOUS BBL (dont certains passent régulièrement entre les mains des DJs genevois), ont pris tout leur sens vendredi soir dans la boîte de nuit qu’est la Gravière. L’artiste a su capter l’esprit du lieu et faire danser frénétiquement la foule dans un concert parfois à mi-chemin entre show et soirée.

Mais si la « Big boss lady » s’assume et a trouvé l’amour, ce n’est pas pour autant qu’elle a rencontré le bonheur. Entre relation amoureuse à sens unique, marques d’attentions unilatérales envers ses proches et retour du sentiment de solitude, des titres tels que SORRY SORRY SO, MON CASQUE, et ILS ME RIENT TOUS AU NEZ traduisent son mal-être et ont plongé le club dans une ambiance plus introspective, dont l’apogée s’est située au moment de la version piano-voix ce dernier morceau. L’ensemble du public a alors chanté à cœur ouvert la peine de Théodora, et peut-être la sienne.

Symbolique, mémorable et non reproductible

L’idéologie progressiste de la Gravière, sa volonté de variété et son caractère alternatif sont tous des qualificatifs qu’on pourrait utiliser pour décrire la musique de Théodora. Mais si sa musique est effectivement alternative, sa notoriété elle, est bien populaire.

Encore relativement émergente à l’annonce du concert en novembre passé, son succès fulgurant et grandissant fait de cette date un moment inédit pour les fans de l’artiste qui ont pu voir performer leur désormais star dans un cadre intimiste, occasion qu’iels ne sont pas prêt.e.s de voir se produire à nouveau.