Il y a certains groupes de musique qu’on peine à décrire à quelqu’un qui ne les a jamais vu en concert. Tinariwen est l’un de ceux-ci.
Peut être qu’il faut commencer par expliquer qui ils sont. Tinariwen est en quelque sorte le porte parole du peuple touarègue qu’il représente à travers sa musique. Une musique qui veut exprimer la volonté de liberté, de respect et de dignité de ce peuple du Sahara central. Il faut dire que peu de groupes (et surtout africains) ont eu une influence sur l’histoire comme Tinariwen.
Grâce à leur musique, ils ont toujours exprimé les revendications de leur peuple, par exemple pendant la rébellion de 1990, à tel point que les gouvernement du Mali et du Niger avaient interdit la commercialisation et distribution de leur musique. Mais comme souvent, celle-ci a continué à circuler de manière illégale parmi les touareg (et pas seulement). On dit souvent que la musique fait la révolution, c’est sûrement le cas ici.
Mais peut-être faut-il parler de leur style ? C’est là toute la difficulté de décrire la musique de Tinariwen. Leur style est un mélange de blues, rock et de musique traditionnelle touarègue qu’il est difficile de décrire précisément. On sent bien que rythme de la musique traditionnelle vient d’une ère qui précède l’invention de la guitare électrique, et pourtant les deux sont liées de telle façon qu’on peine à imaginer l’une sans l’autre. La meilleure solution pour comprendre reste d’aller les écouter.
Le groupe était de passage aux docks dimanche dernier. Il y avait une certaine curiosité de voir en live ce groupe venu de si loin : il a fait entre autre les premières parties des Rolling Stones et des Red Hot Chili Peppers a même eu la bénédiction de Robert Plant en personne.
Le concert débute doucement, quelques arpèges de guitare et une mélodie entraînante commence. Puis viennent les percussions et le chant. Toutes les chansons sont en tamasheq, langue traditionnelle touarègue. Mais le plus particulier, ce sont les tenues traditionnelles portées sur scène. Long vêtements et turbans sont au rendez-vous. Les guitares électriques complètent la tenue, donnant au final un look particulier au groupe.
Après un début de concert plutôt acoustique, les morceaux s’enchaînent et le public répond présent en se balançant et dansant au rythme des guitares et des percussions. On a beau ne pas comprendre les paroles, (à moins évidemment de parler couramment le tamasheq ), mais on a le droit à plus d’une heure et demi de musique assez unique qui nous emmène loin, en alternant les mélodies plus calmes avec des rythmes endiablés, solo de basse ou guitare à la clé. Ce n’est pas pour rien que le groupe a une telle notoriété, et qu’il a gagné un Grammy Award.
Après avoir fait danser Lausanne sur les notes de leurs musiques uniques, on souhaite aux musiciens de Tinariwen de continuer d’arpenter le monde pour faire connaître et partager les revendications, les traditions et les sonorités du peuple Touareg.