© Marc Ducrest

Ce n’était pas une première sur la Riviera pour l’Écossais. L’habitué du Montreux Jazz Festival a offert mercredi un spectacle grandiose, en hommage à sa mère présente dans les gradins.


Comme le souligne justement le site officiel, « l’histoire de Paolo Nutini au Montreux Jazz Festival ne date pas d’hier. De la célébration des 75 ans de Quincy Jones en 2008 à la soirée d’hommage rendue à Claude Nobs en 2013, le chanteur y a vécu des moments mémorables sur scène ». Et nul doute que la soirée de mercredi restera également dans ses mémoires. Et celle du public, qui aura aussi vécu une première partie plaisante avec Jessie Ware (dont on en parle en fin de chronique).

© Antoine Andreani

Paolo Nutini, ou la maîtrise absolue

Évidemment, lorsque l’on évoque Paolo Nutini, on imagine le beau garçon qui charme la gente féminine du premier rang, comme c’était le cas après les premiers albums These Streets (2007) et Sunny Side Up (2011). Mais l’homme a muri, et son public aussi. Il est devenu sûrement plus équilibré, car Caustic Love (2014) et surtout le récent Last Night in the Bittersweet (2022) ont pris une tournure plus hétéroclite, touchant autant les fans de folk que de rock. Car il y a eu des moments où des effluves de Bruce Springsteen (Pencil Full of Lead), Iggy Pop (Lose It) ou encore des Beatles (Petrified in Love) ont surgit du set.

C’est avec décontraction que le natif de Paisley est entré sur scène avec sa cohorte de musiciens. D’ailleurs, ils sont tellement talentueux qu’il est nécessaire de leur rendre hommage. Parfaitement dans le rythme, hyper calibrés, ils auront autant participé à la réussite de cette soirée que la simple présence du chanteur écossais.

© Marc Ducrest


On retiendra des moments sublimes, comme sur Candy avant un rappel: l’intensité est montée si haute, et tout en progression, qu’on imaginait à un moment un autre morceau du répertoire. Mais à la fin, par la belle présence vocale de Nutini, on revenait aux bases.

En réalité, ce concert a permis de voir une chose : le studio n’est pas le live. Et offrir une performance similaire, et surtout lissée, n’a rien de bon lorsque l’on vient voir ou découvrir un artiste. Paolo Nutini a réussi le tour de force de proposer ses anciens titres sous un nouveau jour, plus moderne. Il a réussi à offrir une scénographie qui embarque le public dans les méandres du psychédélisme où se marient des couleurs chaleureuses et des formes incongrues.

© Emilien Itim

Sans oublier le clin d’oeil du titre Stuck in the Middle With You à Joe Egan, leader de Stealers Wheel, qui était natif de la même ville que Nutini et est décédé début juillet. Mais aussi l’hommage soutenu à sa mère qui était présente dans les gradins VIP, sûrement l’émotion pleine au moment d’entendre son fils chanter avec un public reprenant ses paroles.

Tout simplement, merci pour ce moment. Il restera dans les mémoires du Montreux Jazz, mais aussi de Paolo certainement.

Jessie Ware met l’ambiance

C’était le rôle de Jessie Ware d’ouvrir la soirée, juste avant Paolo Nutini (qui lui rendra hommage en fin de concert). L’Anglaise, profilé comme un mélange du style de Sade, de la voix d’Adele et de la prestance de Madonna, vivait un retour (presque) inespéré à Montreux. Car, dit-elle au public, ça devait être réalisé la dernière édition mais parce que son fils fêtait ses deux ans, elle avait dû décliner.

Heureusement, les bonnes oreilles du festival n’ont pas lâché la plaisante trentenaire qui a accepté la proposition cette année. À cette occasion, elle a pris soin d’intégrer dans sa setlist la ballade The Kill spécialement pour David Torreblanca, l’un des programmateurs du Montreux Jazz Festival.

© Antoine Andreani pour Lastnite.ch

Moment de répit en milieu de concert, car avant et après, c’était une explosion de bonnes ondes magnifiées par la présence de deux danseurs, de choristes, d’un batteur et d’un guitariste-pianiste. Devant, Jessie Ware a montré qu’elle avait tout pour plaire: des sourires constants, du small talk au public, des compositions plaisantes (bien que parfois convenues) et surtout une voix magnifique et extrêmement maîtrisée. Elle est capable de varier les intonations pour donner corps à sa performance. Alors chapeau, tout simplement.