© Claire Cantone

Le festival genevois, qui se tient du 17 au 23 mars, a démarré en beauté lundi avec une soirée marquante à l’Auditorium Ansermet du Centre des musiques actuelles (CMA).


Intitulé « Guérison à 360° », l’événement a combiné une table ronde et un concert de la compositrice-interprète suisso-algérienne Flèche Love. Un pari réussi, qui a plongé un public très varié dans une expérience à la fois immersive et introspective.

Une table ronde pour amorcer la guérison

La soirée s’est ouverte sur une discussion passionnante autour de la thématique de la guérison et notamment des thérapies psychédéliques. Aux côtés de Amina Cadelli (de son vrai nom), sa sœur Soraya et deux psychiatres ont partagé leurs réflexions, expériences et parcours de vie. Ce moment d’échange a posé les bases d’une exploration plus profonde du lien entre musique, introspection et résilience.

© Claire Cantone

Un concert cathartique et puissant

Lorsque Flèche Love monte sur scène, accompagnée de deux danseuses, l’atmosphère change immédiatement. Dès les premières notes, elle embarque le public dans une véritable quête sensible de guérison intérieure. C’est le début d’un spectacle où elle laisse apercevoir sa vulnérabilité, mais aussi sa force et son charisme. Guérison est également le titre de son dernier album sorti en avril 2024.

Lorsque résonne Amour Quantique, dont les paroles font écho avec la discussion en prémices du concert, l’attention du public est à son comble, envahie par les sonorités profondes et changements de rythmiques.

L’introduction a cappella de We Are Sisters résonne elle comme un mantra de sororité, sublimé par la voix puissante et vibrante de l’artiste. Les danseuses, cette fois, accompagnent la chanteuse au micro. Celles-ci, au fur et à mesure du concert, en véritables figures expressives, incarnent tour à tour les démons et les soutiens de la chanteuse. Jouant avec des masques et des regards perçants, elles amplifient chaque émotion dégagée par la musique.

© Claire Cantone

Un voyage musical et identitaire

Flèche Love tisse un univers sonore unique, entre électro, rythmes amazigh et mélodies envoûtantes. Sa voix impressionne par sa technique et sa versatilité, naviguant sans effort du rap à des envolées lyriques. Chantant en français, arabe, darija, anglais et espagnol, elle jongle avec les langues comme avec les émotions, offrant un spectacle fluide et varié.

Une chanson en particulier, Oran, consacrée à l’Algérie et à la reconnexion avec ses racines, résonne avec force. Son costume, agrémenté d’un bijou traditionnel, vient souligner cet hommage à son héritage amazigh.

Un dispositif scénique immersif

La configuration à 360° de la salle permet au public d’entourer l’artiste et ses danseuses, créant un espace de porosité et immersif où chacun peut observer les réactions des autres et être au plus proches des artistes sur scène.

Flèche Love souhaite repenser la manière de faire des concerts, favorisant un échange plus intime et direct entre artistes et spectateurs. Cette proximité accentue l’intensité des émotions et renforce l’impact du spectacle.

© Claire Cantone

Guérison à 360° n’était pas qu’un concert: c’était une expérience où la musique, le corps et la voix se sont entremêlés pour offrir un moment de partage sensoriel et émotionnel. La sincérité, la vulnérabilité et la puissance de l’artiste transpercent chaque morceau.

Son sourire sincère et la profondeur de son interprétation ont révélé une véritable générosité artistique. Parfois, sa voix tremblait sous le poids de l’émotion, parfois elle laissait place à des moments de joie communicative.

Cette sincérité a su toucher le public, qui a salué l’ensemble de la soirée par une standing ovation. Flèche Love a su présenter un concert qui fait du bien et où son voyage introspectif a entraîné le public dans cette quête de guérison. Comme l’artiste l’a si bien dit, il n’y a pas que la maladie qui est contagieuse, la guérison aussi.