Les prestations de Yoa et d’Eloi ont captivé vendredi le public du festival Voix de Fête. Deux femmes qui bousculent les codes et qui ont un bel avenir devant elles.


Yoa, la « Révélation Scène » des Victoires de la Musique 2025

Yoa est la nouvelle sensation de la pop francophone. À 26 ans, l’artiste remporte le prix de la « Révélation Scène » aux dernières Victoires de la musique. Un aboutissement dans une carrière pourtant naissante !

En effet, son premier album La Favorite est sorti à la fin du mois de janvier, qui comprend les morceaux Contre-coeur, Matcha Queen ou encore Princesse Chaos. Avec des racines camerounaises par sa mère et suisses par son père, Yoa, diminutif de Yoanna, a grandi à Paris.

Elle puise son inspiration dans ses expériences personnelles avec une sincérité désarmante, oscillant entre mélodies catchy et confidences intimistes.

Une sensibilité qui résonne

Yoa s’adresse à une génération qui enchaîne les histoires d’amour sans lendemain, mais qui aime avec passion. Ses chansons parlent d’amour, de rupture, de sexe, de viol, de santé mentale et de sororité, des thèmes qui résonnent profondément avec son public.

Vêtue d’un justaucorps noir et de bottes noires compensées, elle offre une performance qui oscille entre l’énergie d’une popstar, dans la même veine qu’Angèle, avec des danseuses sur scène. Puis se succèdent des moments doux et durs, au piano-voix. Ses morceaux révèlent les fêlures et l’intensité de sa jeunesse désenchantée. Elle parvient à créer un espace de partage et de soutien dans le public.

Le moment le plus marquant a été l’interprétation de son morceau, Le Collectionneur, qu’elle avoue avoir eu du mal à écrire et encore plus à chanter. Commencée au piano, cette chanson s’adresse directement à son violeur.

Le public écoute en silence, se serre dans les bras, beaucoup de larmes scintillent dans les regards. Puis, des voix féminines du public se joignent à la sienne, résonnant avec une telle clarté qu’elles auraient pu être des choristes postées dans la salle. Elles chantent à l’unisson les derniers mots de la chanson « je te déteste« . Un moment cathartique.

Mais pas question de s’enfoncer dans le spleen. La chanteuse a ensuite enchaîné avec des sonorités électroniques qui ont fait exulter le public.

Ses danseuses l’ont rejointe sur scène, ajoutant une touche pop et de légèreté pour le plus grand bonheur de l’audience. Les spectatrices, conquises, ont exprimé leur surprise et leur admiration : « Je connaissais un son, mais qu’est-ce qui s’est passé, je suis restée scotchée, c’était incroyable ! ».

ELOI : oscillation des genres

Dès les premières notes, Eloi nous plonge dans une tempête sonore où le rock et l’électronique s’entrelacent. Accompagnée d’un batteur et d’une musicienne alternant entre basse et synthé, elle joue sur la fluidité des genres avec une intensité qui fait vibrer la salle.

On ne lui collera pas d’étiquettes : vêtue d’un justaucorps gris à motifs urbains, d’un survêtement rouge, et grosse bottes de combat aux pieds, elle alterne entre des morceaux aux accents hyperpop et des élans plus bruts, presque punk.

À l’image de son nouveau album BLAST, sorti le mois passé. PLAYSTATION résonne comme une claque, tandis que Soleil Mort fait grimper la température – surtout chez celles qui, dans la foule, brûlent pour elle. L’énergie oscille entre féminin et masculin, brutale et sensuelle, sans jamais choisir un camp. Eloi s’amuse, s’élance et électrise l’audience.

La chanteuse et frontwoman du groupe ELOI, Eloise Leau

Sa performance à haute intensité ravit le public. Il y a quelques moments de répit, comme par exemple, JTM de ouf, hymne des soirées de la Gen Z, mais revisité en version rock doux. Cela décontenance un peu son public, mais il se laisse embarquer.

Le morceaux RUGIR/MOTEUR annonce la clôture de la soirée, qui s’achève sur une note électrique et sensuelle. « More dykes on stage! », lance-t-elle, le poing levé. On en ressort lessivé·es, chaviré·es et un peu amoureux·ses.