
Le chanteur belglo-egyptien, en tournée pour son album Dawn’s a Mountain, fait un sans faute dans l’incontournable salle de Lausanne.
Avant son concert, c’est Sam de Nef qui en a fait l’ouverture. Lui aussi originaire d’Anvers, et, seul en scène avec sa voix puissante et sa guitare électrique, donne le ton de la soirée.
Un héritage musical fort
Tamino-Amir Moharam Fouad, plus connu sous le nom de Tamino, a offert vendredi dernier un concert saisissant aux Docks. Il est issu d’une famille de musiciens dont son grand-père, le chanteur et acteur egyptien Moharram Fouad, source d’inspiration du chanteur. Par ailleurs, il puise son inspiration autant dans les grands noms de la musique arabe comme Oum Kalthoum que chez les artistes de la folk nord-américaine de Bob Dylan à Leonard Cohen.
Doté d’une large tessiture et habitué à chanter en quarts de ton, propres à la musique arabe qu’il a toujours écoutée, il propose des mélodies rock empreintes de mélancolie, enrichies de subtiles touches orientales.
Son nouvel album sur scène
Dans une salle comble, l’auteur-compositeur-interpète présente son troisième album Every Dawn’s a Mountain, paru en début d’année. Écrit à New York, où il s’est récemment installé, ce disque témoigne de la distance qu’il a voulu prendre avec ce qu’il laissait derrière lui. Ce recul a éveillé en lui l’urgence de se consacrer à l’écriture de ce nouvel album, donnant naissance à une œuvre explorant le fait de quitter pour mieux recommencer.
Sur scène, il est accompagné des “Sunburns”, un guitariste, un bassiste, un batteur et, pour le plus grand bonheur du public, un violoncelliste. La profondeur et la souplesse de l’instrument se marient parfaitement à la voix de Tamino, tantôt dans des duos lumineux ou le chanteur et le violoncelliste semblent se répondre, tantôt mis en avant par des solos.
Tamino alterne entre guitare acoustique et oud, instrument égyptien qui est tout ce qui lui reste de son père parti vivre au Caire. Ses sonorités gracieuses et hypnotiques confèrent à sa musique des tonalités nouvelles, où l’héritage arabe s’entrelace à son rock romantique. On l’entend particulièrement sur My Heroine, qui ouvre le concert, ou encore sur Raven, morceau qui a emporté le public vers un ailleurs lointain. Son rhume, que même la plage de Lausanne n’a pas su soigner dit-il en blaguant, n’enlève en rien à son timbre de voix puissant et son charme bouleversant.
La scénographie s’avère aussi soignée que la musique. Des jeux de lumière précis accompagnent chaque morceau : un spot qui éclaire Tamino seul ou en duo avec le violoncelliste, des halos fondus qui soulignent l’atmosphère envoûtante, ou des lampadaires diffusant une douce lumière orangée, conférant chaleur et douceur malgré la mélancolie des chansons.

Une fin de concert en puissance
Les morceaux Indigo Night, de son album Amir (2018), et Sanpaku, ont été particulièrement acclamés par le public. Il termine sur ces morceaux avant de revenir pour un rappel. Le concert s’achève alors avec le titre que le public réclame à cor et à cri : Habibi.
Premier single de l’artiste, sorti en 2017, alors que Tamino n’avait que vingt ans, ce morceau l’a immédiatement révélé au grand public et aux médias. On y trouvait déjà les fondations de son style : des sonorités inspirées de ses origines égyptiennes, des paroles qui transforment des émotions intenses en images concrètes, et une voix à la fois virtuose et profondément expressive. En jouant ce titre d’une romance intense, l’artiste nous montre encore l’ampleur intacte de sa voix et son impressionnante maîtrise.
Près de six ans après sa dernière venue aux Docks, et deux après son passage au Montreux Jazz Festival, l’attente fut largement récompensée. Si à l’époque Tamino se produisait parfois seul, il est revenu cette fois entouré des “Sunburns”, qui donnent une ampleur nouvelle à sa voix et à ses compositions. Ensemble, ils livrent un concert sublime, où se rencontrent la puissance du rock britannique et la finesse aérienne des traditions musicales nord-africaines. Une prestation hypnotique, à la fois intense et délicate, qui a conquis le public.
