© Marc Ducrest – MJF 2023

Évasive, contemplative mais aussi halletante, la soirée de samedi au Lab était le théâtre de nombreux superlatifs. Avec Hermanos Guitiérrez et surtout Tamino, les émotions ont été décuplées.



En voyant les lueurs orangées du ciel montreusien, nul doute que l’ambiance chaleureuse serait la même au Lab du Montreux Jazz Festival. Intimiste, cette salle s’avère être une taille parfaite pour accueillir les artistes grandissants, qui restent encore proche de la scène indie.

Loin des fantasques décors du Stravinski, ici la musique est reine. De simples lumières et bandeaux LED accompagnent un son d’une qualité magistrale. Tous ces éléments mis bout à bout ont permis à Hermanos Guitiérrez, puis Tamino, de jouer leur partition sans aucune accroche.

Un voyage dans le désert avec Hermanos Guitiérrez

Les frères zurichois, aux origines équatoriennes, étaient comblés ce soir-là. Depuis sept ans, leur musique berce les voyageurs imaginaires de ballades dans le désert américain. Et le Montreux Jazz, avec tout le prestige l’entourant, est comme une destination finale pour Alejandro et Stephan. Le point d’orgue suisse finalement d’une carrière surprenante, qui aura vu le « troisième frere » Dan Auerbach (The Black Keys) les prendre sous son aile.

© Marc Ducrest – MJF 2023

En concert, l’album El Bueno y El Malo produit par l’Américain souligne ces sonorités et rythmiques plus variées que sur les précédents albums comme sur Tres Hermanos ou encore Pueblo Man, chanson hommage à Jack et sa famille native amérciaine rencontrés dans un village de l’Etat du Nouveau-Mexique.

Si les chansons s’écoutent idéalement avec un casque dans son salon, les versions scéniques ne sont pas moins intéressantes. Bien que le pattern rythmique soit souvent similaire, il suffit toutefois de fermer les yeux ou d’observer la dextérité des deux guitaristes pour comprendre la simple-compléxité de leur musique. Un beau moment de voyage sur les routes désertiques des Etats-Unis qui pourrait se prolonger jusqu’au bout de la nuit.

Tamino, le discret qui ne l’est pas

Pour clôturer en beauté, place au ténébreux et incroyable Tamino. Et les mots sont pesés ! Réincarnation de Jeff Buckley à la voix au mille facettes, le Belge s’est révélé ce samedi soir aux yeux de tous par la qualité de son spectacle. Tout y était : des intensités variées sur la setlist, une qualité d’interprétation de la part de ses quatre musiciens, de l’humilité et surtout des frissons parcourant l’entièreté de la salle. Et ce dès l’ouverture, en solo, sur A Drop Of Blood, qui temoigne les qualités du chanteur-gutariste.

Sur un oud traditionnel, témoin de ses origines égyptiennes, Tamino fait parler son talent. S’en suivrons la douce mélancolie de The Longing ou la fascinante interprétation pop de Fascination, tout en puissance comparé à l’album. Quand à Indigo Night, elle sera appréciée tout comme l’incontournable Habibi avant le rappel.

© Marc Ducrest – MJF 2023

Mais la ferveur du public, appréciant ces réinterprétions plus dynamiques, s’enthousiasmera fortement sur W.O.T.H. Tiré de l’édition « deluxe » de l’album Amir paru en 2018, c’est probablement ce morceaux qui fit exploser l’applaudimètre. Un moment magistral et d’une intensité rare qui caractérise qui est Tamino: un auteur-compositeur-interprète au talent immense et dont la prometteuse carrière ne fait que démarrer. Heureusement pour nous, il n’a que 26 ans.

Le Montreux Jazz Festival se tient du 30 juin au 15 juillet 2023. Des tickets sont encore disponibles pour les concerts de cette 57e édition. Retrouvez toutes les informations ici même.