Crédit Photo : Olivier Miche pour Antigel

À l’aube d’une fin de semaine qui s’annonce mouvementée musicalement, le Festival Antigel n’a pas manqué l’occasion d’investir un lieu atypique. Pour ce jeudi soir, c’était aux limites de la frontière suisse qu’il fallait se déplacer pour assister au concert acoustique de Vetiver dans la magnifique Paroisse d’Anières-Vésenaz.



Malgré les travaux qui bloquent une portion de la route d’Hermance, l’édifice religieux est bel et bien visible au loin. D’un blanc immaculé, il s’impose autant qu’il est discret dans le paysage aniérois. Tout comme l’homme du soir, qui se présentait devant à une salle comble et attentive.

Avant d’accompagner au chant et aux percussions son ami Devendra Banhart vendredi soir l’Alhambra (7 février, 20h30), Andy Cabic a profité de sa venue la veille pour présenter des pièces issues de son projet Vetiver. Un exercice très réussi pour le leader de la formation californienne, qui aura apprécié le calme des lieux. « C’est comme un mariage », dira le musicien au béret, après s’être frayé un chemin au milieu de la foule pour monter sur scène.


Un jeu tout en finesse

Que ce soit dans son jeu ou sa personnalité, Andy Cabic est humble. Il faut dire que le natif de l’Etat de Virginie joue juste sur sa guitare Martin, le tout avec finesse lorsque vient le temps de passer en revue sa discographie aux sept albums. Il trouvera ainsi, face à lui, un public extrêmement silencieux – et à raison – puisque sa musique est d’une douceur incommensurable. Tout comme sa voix feutrée qui ensorcelle, ne l’oublions pas.

Cette musique douce relate justement, et très souvent, des épisodes de vie quotidienne douloureux. On pense par exemple au titre I Know No Pardon, qui s’apparente à une « longue et triste histoire » selon les dires de l’auteur-compositeur-interprète américain. Ou bien la touchante A Door Shuts Quick, issue de son récent album Up On High, qui est jouée avec brio au finger picking.


Malgré la mélancolie de certains morceaux, le multi-instrumentiste garde toujours pour chaque fin de morceaux un petit sourire au coin des lèvres. Un geste simple, mais touchant à la fois, qui confirme le plaisir exprimé par l’artiste de s’être retrouvé dans cette Paroisse, à mille lieux de ces soirées faisant face des centaines de spectateurs acclamant Devendra Banhart.

Et, ce n’est sûrement pas dans ces conditions qu’il aurait pu reprendre la magnifique Gipsy interprété par Suzane Vega.

Avec brio, encore une fois.