© William Corbat

Rares sont les occasions d’expérimenter à Genève de la musique brésilienne autres que les éternelles samba ou carioca… 


C’est dans cette recherche de nouveautés qu’Antigel propose l’un des artistes les plus prolifiques de sa génération, Tim Bernardes. Le Casino Théâtre affichait d’ailleurs plein mercredi dernier pour le premier concert suisse de l’artiste brésilien.

S’il a été présenté comme la relève du style tropicàlia teinté de saudade (style tirant vers la mélancolie, aux paroles souvent tristes proche du fado portugais), il ne faudrait pas gommer que du haut de ses trente-trois printemps, Tim Bernardes n’en a pas moins une carrière déjà longue de plus de 15 ans.

Songes sous les tropiques avec “Mil Coisas Invisíveis”

Ayant débuté avec le groupe “O Terno”, puis composé pour de nombreuses figures de la musique brésilienne comme Tom Zé, Jards Macalé ou encore Gal Costa, c’est dans une salle investie par la diaspora brésilienne que débute le concert du compositeur. 

Dans un décor minimaliste n’étant accompagné que d’une guitare folk, l’artiste donne le ton de la soirée avec Nascer, Viver, Morer de son deuxième album Mil Coisas Invisíveis. Il en ressort une voix maîtrisée tout en douceur et utilisant judicieusement la sonorité de la salle pour jouer sur l’intensité de sa voix.

Afin de diversifier son style, l’artiste reprend des titres de son ancien groupe “O Terno”, ainsi qu’une flopée de titres composée avec d’autres musicien-nes, notamment le magnifique Baby initialement chanté en duo avec Gal Costa, décédée en 2021. Une chose est sûre, le public auriverde est au rendez-vous. Il suffisait d’entendre les “maravilhoso” ou “lindo” criés à chaque fin de titre pour le réaliser. 

© Photo : William Corbat

Un Tim Bernardes à l’écoute de son public 

S’il a commencé le concert en parlant au public par un “bonsoir” et “merci”, puis en anglais, il a suffit de quelques titres et d’un vote pour savoir qui comprenait le portugais… avant que Tim Bernardes ne switche vers sa langue natale et son bel accent Paulista.

À l’écoute de son public, l’artiste adapte sa setlist en jouant des titres demandés durant le concert notamment Não issu de son premier album ou encore Olha qui fut très demandé. Sa setlist sera tant adaptée qu’il se perdra et terminera par demander au public quels titres il n’a pas encore joué. Le point d’orgue est atteint avec Recomeçar où sa voix se libère pour atteindre des sommets stratosphériques. 

Le Brésil d’aujourd’hui sous les projecteurs 

Empruntant au tropicaliste et au saudadiste, la musique de Tim Bernardes garde généralement une structure commune racontant des histoires d’amour tantôt heureuse tantôt triste mais certains titres s’éloignent de ce registre pour raconter des moments de vie du Brésil.

Le titre Meus 26 fait partie de ceux-là, et parle de l’arrivée à un tournant de la vie de Tim Bernardes et du Brésil. Il nous fait voyager dans l’immensité du pays. Cela se ressent en regardant le visage du public d’origine brésilienne lorsque les paroles abordent leur ville ou région.

Avec tant de nostalgie et de partage, on peine à réaliser que près de deux heures sont passées et c’est après trois rappels que l’on (ré)atterrit au Casino Théâtre.