Le joyeux chaos de Föllakzoid : sa performance immersive s’est jouée de toutes les normes à Vernier dimanche soir. L’artiste a même clôt sa performance par un plongeon !
À la piscine du Lignon, Antigel a concocté une soirée pointue autour du sous-genre musical assez niche: le Kraut. Mais qu’est-ce que c’est ?
Le Kraut à Antigel
Le Kraut tire ses origines des artistes de la scène rock expérimentale ouest-allemande de la fin des années 1960 et est marqué par des motifs musicaux minimalistes, répétitifs et contestataires. C’est un des genres fondateurs de la scène punk des années ’80, puis post-rock et il continue d’inspirer la scène de la musique électronique aujourd’hui.
Le public ne se prend pas le chou et attend le concert pieds nus, parfois en maillot de bain, sur les chaises flottantes un verre à la main ou dans la pataugeoire vidée pour l’occasion. Surtout que la foule ne sait pas à quoi s’attendre après une tres bonne première partie des Fribourgeois de Otnig Monajet.
D’un duo, Föllakzoid est devenu le projet solo de la fondatrice du groupe, l’artiste queer et trans Domingæ.
Un son puissant et obscur
La musique est sombre, les basses lancinantes et les loops répétitifs résonnent directement dans les corps du public. Föllakzoid gratte ponctuellement sa guitare qui émet des sons éraillés, qu’elle module accroupie derrière son pedalboard.
La chilienne présente ainsi au public d’Antigel son dernier album sobrement intitulé “V”, sorti en 2023, qui utilise des rythmes et des basses tirées de la scène de la techno minimale. Elle est accompagnée sur scène d’un DJ et d’un batteur, que l’on devine en contre-jour des lumières vives et de l’épaisse fumée.
Le son est expérimental et épuré, il n’y a pas de véritable mélodie, si ce n’est parfois des notes de guitare et de synthé qui gravitent les unes vers les autres. Il n’y a aucun moment de répit, les morceaux longs s’enchaînent, sans que l’on arrive véritablement à les distinguer.
C’est brutal, industriel et presque empreint de douleur.
Une performance magnétique
Si ses morceaux plongent dans une transe rythmée par la danse, le show assuré par Föllakzoid ne permet pas de fermer les yeux pour des moments d’introspection: elle est hyperactive et un aimant à regards. Elle déconstruit les barrières entre la scène et public et joue avec les limites entre concert et performance, avec beaucoup d’humour.
La Chilienne n’a pas de micro sur scène et fait rire son public en faisant des mimes et des grands gestes. Elle danse beaucoup, asperge les premiers rangs de vin, puis leur en propose en s’excusant, d’un air faussement gêné, avant d’essuyer ses lunettes de soleil sur le t-shirt d’un spectateur.
L’artiste ôte un à un ses vêtements pour se retrouver en soutien-gorge et en string avant de prendre des poses lascives en faisant des clins d’oeil au photographe. Sa performance invite le public à se questionner sur son rapport au genre et au corps.
Une réaction contrastée du public
L’audience est partagée mais ne reste en aucun cas indifférente. Une partie du public adhère à sa proposition et crie au génie, l’autre décroche et la foule devient plus clairsemée. Au plus grand bonheur de certain.e.s, ce qui leur laisse plus de place pour danser !