Le Suédois, adepte de lieux atypiques, a joué samedi soir à la piscine du Lignon. Au milieu de bouées et non sans un brin d’émotions.
Jäje Johansson, rebaptisé Jay Jay Johanson après un séjour à Londres, a déjà une carrière de presque 30 ans depuis le très mature Wiskey. L’album propulsait à l’époque l’artiste suédois et sa voix de crooner juvénile dans le grand bain des artistes majeurs de la scène trip hop.
30 ans après, et avec déjà trois « Best Of » publiés, c’est au Lignon que l’artiste suédois vient livrer une rétrospective d’une carrière où Chet Baker côtoie samplers et autres machines électroniques dans un style épuré mais groovy. Il transmet à la perfection ce spleen qu’il aime explorer, années après années.
Les Dandys font de la résistance
Coutumier des endroits détonnants, c’est à la piscine de Vernier, au coeur de ce Lignon utopique de l’urbanisme des années 70, que nous avons rendez-vous.
Le lieu, à guichets fermés ce soir-là, est divisé en deux parties : la scène et la public prennent place au droit du bassin pour enfants, et le grand bassin est laissé aux nageurs qui disposent de fauteuils flottants pour profiter du spectacle.
Caleçon de bain et groove de rigueur pour Orfèvre
Si à première vue une piscine n’est pas l’endroit idéal pour une acoustique de qualité, elle colle parfaitement à la volonté de l’artiste à proposer un son urbain héritier des free partys, où les sound systems prenaient d’assaut des hangars désaffectés.
C’est dans cet environnement que le show démarre à 20h avec Eloise, aka Orphèvre. La Genevoise nous présente son EP Shadow Theatre sorti l’année dernière chez Sunday Fog, avec un song writing puissant et une voix magnifiée par la réverbération naturelle du lieu.
Le grand plongeoir
Après un long light check, Jay Jay Johanson, accompagné de son clavieriste et de son beat maker, s’installe tout en délicatesse et commence à inonder l’espace avec la rythmique lourde et dense de So Tell The Girls I Am Back In Town, single tiré de son premier album, quintessence d’un trip hop 90’s qui n’a pas pris une ride.
Devant une foule envoutée et dansante aux rythmes de son sampler, Jay Jay enchaine les titres et navigue entre mélancolie avec The Girl I Love Is Gone ou encore Finally. Il partage également un Whispering Words, chanté à cappella, et nous balance ses classiques avec, entre autre, le jazzy Heard Somebody Whistle.
Et comme une délivrance, le fameux Believe In Us passera en boucle dans nos têtes jusqu’à la fin de cette soirée mémorable.