Cure for the Ghost © Maxime Sallin (avec Caribana)

Niché au bord du Léman à Crans-près-Céligny, l’ouverture du Caribana Festival peut se résumer comme un shot de vitamine D(oom) enflammée au kérosène. Retour sur une première soirée qui n’a pas laissé une seconde de répit aux cervicales des festivalier·ères.


Signe que l’été débute, et après plusieurs semaines de grisaille, c’est avec un magnifique temps ensoleillé que débute cette soirée sous le signe du métal et de ses nombreuses déclinaisons. Chargée d’inaugurer le festival, la Londonienne Cassyette et sa bande ont mis la barre très haute en délivrant une prestation tout en énergie devant un public épars, mais acquis à leur cause. Mélangeant le métal et la pop, le groupe s’offre même un intermède Drum & Bass so British. Le ton est donné, la soirée sera guttural où ne sera pas. 

Le métal suisse en force

Après cette entrée en matière, les Franco-suisses de Cure for the Ghost ont proposé une prestation solide, quelque peu entachée par des petits problèmes de sons. Comme à son accoutumée, le festival fait honneur aux formations suisses avec pas moins de quatre présents cette soirée.

Cure for the Ghost © Maxime Sallin (avec Caribana)

Et c’était un pari audacieux que de proposer un groupe d’ici pour remplacer, à la (presque) dernière minute, les très attendus Américains de Bad Omens. Le moins que l’on puisse dire est que le pari fut réussi tant la prestation de Zeal & Ardor a été diablement efficace. Le savant mélange de blues et de métal du chanteur Manuel Gagneux n’est pas sans rappeler Rag’n’Bone Man sous dopamine sur l’excellent Bow.


Un cadre idyllique pour un festival éclectique 

Ancré dans son époque, le Caribana n’est pas qu’un festival de musique mais propose aussi une offre de nourriture de plus en plus variée et raffinée dans ce cadre exceptionnel au bord du Léman. En outre, s’il n’est pas aussi petit qu’il le prétend (avec une capacité de près de 8’000 personnes par soir), le festival a su préserver un aspect familial et il n’est pas rare d’observer plusieurs générations « headbanger » sous les riffs puissants.

C’est dans cette agréable ambiance et sous un soleil couchant aux reflets rougeoyants que débute le concert de unpeople. Un savant mélange de rock, punk et métal, qui fait voyager autant du côté de Blink 182 que des Foo Fighters. Et avec ceci une énergie punk typiquement anglaise. Difficile de ne pas se laisser entraîner!

Après les Anglais, les Genevois de Beau Diable nous invitent en enfer et enflamment la scène du Lac, la plus petite, mais certainement la plus atypique du festival. Seul groupe à chanter en français, les Suisses mettent l’ambiance devant un public sautant dans tous les sens.

Beau Diable © Maxime Sallin (avec Caribana)

Conclusion sous haute adrénaline 

Chargés d’enflammer la soirée, les Australiens de Parkway Drive n’ont pas volé le titre de tête d’affiche pour la première date de leur tournée européenne. Dans une scénographie maîtrisée de A à Z, ils délivrent leur metalcore sans accro entraînant, dès les premiers riffs de Glitch, le public entassé devant la grande scène. Enchaînant les hits (Vice Grip, Prey), le tout accompagné de flammes et d’explosions, le chanteur Winston McCall, tout sourire, est lui-même vite envoûté par l’énergie plus que chaleureuse du public.

Après près d’une heure de show, le groupe quitte la scène sous une épaisse fumée qui laisse apparaître deux violonistes et une violoncelliste, que l’on aurait presque confondues avec les sœurs Bertholet. Ces nouvelles musiciennes apportent une nuance bienvenue au set du groupe et se marient parfaitement avec leurs titres, notamment Darker Still et son incroyable outro instrumental fait de solos épiques et d’orchestrations classiques. Après encore plusieurs titres, c’est sous un tonnerre d’applaudissements que le groupe termine avec Wild Eyes, nous rappelant que nous assistons bien à un concert de metalcore. 

Mercredi oblige, de nombreuses personnes quittent le festival après Parkway Drive et n’auront pas l’occasion d’assister au très bon concert du duo londonien de Bob Vylan, qui ont présenté leur album Humble As The Sun. Difficilement classifiable, le groupe fait le show par une prestation folle et qui aurait mérité plus d’attention. 

Pour une première soirée inaugurant la saison des festivals, le Caribana a démontré que la scène métal est encore bien présente en Suisse. Et que ce lieu exceptionnel, au bord du lac, est toujours aussi plaisant.

DJ Serpentard © Maxime Sallin (avec Caribana)