© Thea Moser – Paléo

Dans l’ombre d’Aya Nakamura et Damso, Lous and the Yakuza a n’a pas déçu sur la Grande Scène ce samedi. Avec entrain et sensibilité, la Belge a enthousiasmé le public du Paléo Festival… non sans une pointe d’émotion.



Aux côtés d’Ibrahim Maalouf, Lous and The Yakuza était probablement l’une des plus percutantes prestations des têtes d’affiches de ce weekend (en attendant la clôture dominicale). Pour la jeune femme de vingt-sept ans, c’était une première sur une main stage de cette envergure. Plutôt garni, le parterre de la Grande Scène comptait des adeptes. Et parmi ces vingt-mille personnes, beaucoup d’interloquées. 

Quand la scène prend tout son sens

Élancée, élégante, Lous and The Yakuza entre en piste quelques secondes après une magnifique introduction de ses musiciens sur Ciel. Révélée au grand jour il y a plus d’une année avec la sortie de l’album IOTA, elle est bien accompagnée. Au loin, on aperçoit un batteur génial, un bassiste au groove impeccable et un pianiste solide. 

Si elle se démarque par un accoutrement orange du plus bel effet, c’est surtout par sa voix que Lous and The Yakuza capte son public. Les passants, plutôt enclins à aller manger à cette heure-ci, s’arrêtent parfois. Il y a là une magie éphémère qui s’opère à l’écoute de l’artiste.

© Thea Moser – Paléo

Ce qui est fascinant dans cette performance scénique, c’est qu’avec ’’rien’’ elle fait beaucoup. En plus de danser spontanément, enlevant même ses chaussures pour réaliser une grande roue, la native de Lubumbashi au Congo s’éclate avec ses musiciens, ses « frères » comme elle les appelle affectueusement. Et qu’elle enlacera longuement après un titre. 

Les versions live de son répertoire sont abouties, elles donnent du corps à des versions studio parfois plus lisses. La batterie donne une force à faire pâlir les boîtes à rythmes, tandis que Lous se révèle sur le devant de la scène. Elle attire les voix sur le refrain de La money. Elle se lie à un fan en apposant, sur son visage, une paire de lunettes qu’il lui a offerte. Elle fait bouger les gens sur Takata. 

Et les émotions prennent le dessus…

Discrètement, et avec beaucoup d’émotion, elle révèlera au public avoir « toujours rêvé de ça », de jouer devant autant de personnes en tête d’affiche d’un festival. Avant le titre Hiroshima, quelques larmes perlent sur ses joues après la révélation d’avoir été une sans domicile fixe en Belgique. Chez le public aussi, moi compris. Ici, aucune mise en scène. Ce n’est que du réel. Et le personnage de Lous and The Yakuza s’effacera donc, le temps de quelques minutes, pour révéler la belle personne qu’est Marie-Pierra Kakoma. De la difficulté vient la rédemption.

©  Thea Moser- Paléo

En festival, il y a parfois des artistes que l’on prévoit de voir… et d’autres non. Comme un voyage, on réalise son programme idéal avant que celui-ci ne soit chamboulé par des situations impromptues, mais aussi des rencontres qui changent le cours des choses qui nous incitent à rester. Tenter l’expérience, l’aventure comme l’avait fait notre rédactrice Lola à Antigel. Chez moi, Lous and The Yakuza faisait partie de la deuxième catégorie. Par son authenticité, elle aura su me faire rester. Et me poignarder en plein coeur. 

Ce voyage m’aura mené ici. Vraiment, j’ai bien fait de rester. 

L’édition 2023 du Paléo Festival de Nyon se poursuit jusqu’au dimanche 23 juillet 2023. Pour plus d’informations, c’est par ici.