© C. Losberger – Hivernales 2020

Voyageur dans l’âme, LyOsun est revenu il y a trois ans à Genève après des expériences enrichissantes à Londres, en Afrique du Sud et en Amérique latine. Programmé dans le cadre des Hivernales 2020 de Nyon, cet adepte du looping vient de sortir un nouveau single, What About Now, qui porte haut les richesses sonores du monde entier. Rencontre avec un multi-instrumentiste dont on n’a pas fini d’entendre parler ces prochains mois.




Tout d’abord, comment te portes-tu à quelques heures de ton concert prévu dans le cadre des Hivernales ?

Je me portes bien et me réjouis beaucoup de jouer aux Hivernales. C’est un bon tremplin généralement, il y a pas mal de programmateurs d’autres festivals avec qui j’espère faire des contacts. Ça fait maintenant depuis longtemps que j’en entend parler, en fait depuis que je suis à Genève sachant que je suis rentré il y a trois ans.


Pour comprendre un peu mieux ton histoire, tu dis être rentré à Genève il y a trois ans. Pour quelles raisons ? Que s’est-il passé dans ta vie ?

Je suis parti à Londres pendant quatre ans pour étudier dans une université de musique. J’y suis resté de 2011 à 2015. Ça a été une grosse expérience, j’ai fais un peu mes armes là bas parce que la scène londonienne n’est pas vraiment la même qu’en Suisse. C’est comme New York ou Berlin, toute l’Europe va là bas donc il y a un gros level. Je voulais voir si j’arrivais à m’en sortir dans ce genre de milieu un peu plus métropolitain, avec énormément d’artistes du monde entier.



Et qu’as-tu fait suite à cette expérience enrichissante en « milieu métropolitain » ?

Je suis parti en voyage pendant une année jusqu’à fin 2017. Un voyage musical aussi où j’ai fais beaucoup de rencontre en Afrique du Sud, en Amérique latine et en Asie. J’avais ma guitare sur le dos et j’ai fais pas mal d’enregistrement avec différents artistes sur place. Ça m’a apporté tout ce côté plus tribal de mon son, tous ces chants chamaniques que j’ai appris sur la route.


Visiblement, les voyages façonnent beaucoup ta musique…

Oui, beaucoup. Les influences ethniques sont de toutes façons basées là dessus parce que tu recherches ça, et que tu es sans arrêt confronté à ce genre de musique. Automatiquement, tu l’entends et ça rentre dans ton cerveau en tant que compositeur. Et même inconsciemment, tu le recraches plus tard.


« C’est en Afrique du Sud que j’ai commencé à me mettre vraiment à la « loop » et à vraiment avoir le coup de coeur pour cette technique en live »


Tu as pu donc facilement réutiliser toutes ces influences pour ton projet ?

Bon, à la base je fais de la loopstation qui me permet de boucler des séquences musicale sur scène en ayant pas mal d’instruments. Ce qui m’a influencé dans ce voyage, c’est que j’ai rencontré des artistes sud-africains qui utilisaient la loop que je ne connaissais pas du tout au début. C’est là bas que j’ai commencé à m’y mettre et à vraiment avoir le coup de coeur pour cette technique en live qui est assez différente par rapport à ce qui se fait en Suisse.


Justement en parlant de loop, il y a aussi en Australie l’artiste Tash Sultana qui est forte là dedans…

Je pense que c’est la plus grosse influence pour moi en ce moment, avec l’Australien Matt Corby aussi. C’est clairement une grosse influence.


Finalement, as-tu l’impression d’avoir plus appris de nouvelles choses en quatre ans à Londres ou en une année de voyage ?

On va dire que les quatre ans à Londres étaient très académiques puisque j’étais à l’Université. Ça m’a permis de me mettre une certaine discipline par rapport à tout ça. Après, l’inspiration a été prise du voyage parce qu’on a juste tellement de temps pour soi et pour rencontrer les gens. Être sur la route est le plus inspirant pour moi, de ne pas avoir de plan et d’avoir le temps pour écrire et composer.


Est-ce que tu exploites généralement tes compositions à ton retour ou tu le fait aussi sur la route ?

Un peu les deux en fait. Les textes sont généralement écrits en voyage comme tu as qu’une guitare et ta voix, c’est beaucoup plus direct. Tu n’as pas la chance de pouvoir explorer au niveau des sons et des arrangements. La base de la mélodie était composée en voyage, et les arrangements tout comme la façon de penser au live ont été fait à mon retour à Genève. Je pensais pas faire de la loop avant de rentrer ici par exemple.


« Ce qui marche, c’est l’effet de surprise en live. Je pense qu’il n’y a pas besoin d’être totalement représentatif du CD sur scène »


Tu parles d’un style assez brut en voyage. Pourtant, quand on écoute ton nouveau single What About Now paru le 29 février dernier, la production semble plus charnue que sur ton premier disque The Missing Part de 2018. Pour quelles raisons ?

Je me suis entouré de personnes à Genève depuis une année. J’ai quelqu’un qui m’aide pour les paroles et pour la composition, j’ai un manager et je collabore beaucoup avec Yvan Bing qui a le Kitchen Studio. Du coup, on a beaucoup parlé de comment faire évoluer cette histoire de loop après le premier album. En prenant justement exemple sur Tash Sultana, quand tu écoutes son premier album, tu n’a pas l’impression que c’est de la loop : c’est produit. Maintenant, ce qui marche aussi, c’est cet effet de surprise en live. Je pense qu’il n’y a pas besoin d’être totalement représentatif du CD sur scène. Le but là dedans est de surprendre et de rendre la chose plus intéressante au niveau de la production, pour évoluer dans un certain sens. Comme le premier album était basé exclusivement sur de la loop, je ne voyais pas d’intérêt à ressortir la même chose.


Du coup, est-ce que ça modifie la façon d’aborder ton set live ?

C’est la même chose. Le single que j’ai sorti hier [ndlr vendredi 29 février] a été revisité en version loop. C’est une autre façon de jouer cette chanson, et c’est aussi la première fois que j’explore un territoire où certains pads sont pré-enregistrés. Maintenant, j’aimerai plus partir sur un mix de looping et de DJ, c’est-à-dire qu’il y a des choses pré-enregistrées et que tu fais de la loop par dessus. Ça permet de rendre le son plus gros et plus conséquent.


Selon toi, le concept du « one man band » peut-il se perpétuer pendant toute ta carrière musicale ou envisages-tu de fonder un « full band » pour ton projet ?

Ça a été aussi l’une des grosses discussion avec l’équipe avec laquelle je me suis entourée. Si je me lance un groupe, ça fera juste un single songwriter qui se lance avec un band et ça perd ce côté unique. Il n’y a pas grand monde qui fait ça en Suisse romande. Tu prends un DJ d’électro actuellement, il fait un son énorme et le fait tout seul. Je pense que maintenant, en tant qu’artiste, on n’a plus peur de se mettre en avant tout seul, même en ayant des trucs pré-enregistrés. Parce que si tu gardes ce côté un peu live, ça donne toujours un aspect intéressant pour le public. Actuellement, je vois assez le truc de continuer tout seul.


Pour cette entrevue, on est au St-Jean, petit bar nyonnais. Pour ton clip Homesick, tu joues au Coyote à Genève. Selon toi, il y a-t-il assez de lieux à Genève, et plus largement en Suisse romande, pour jouer en tant qu’artiste émergent?

Sur Genève, ça a pas mal évolué ces derniers temps comparé à 2010 où c’était assez chaud de trouver des concerts. Maintenant, je trouve qu’il y a plus de trucs qui sont mis en place et qui sont plus abordables. Après, c’est peut-être parce que j’ai plus d’expérience et que je me suis fais plus de contacts. Je ne sais pas… mais à mon avis, en Suisse romande, il y a de quoi s’exprimer sur scène. Il faut juste avoir quelque chose qui tient la route et qui soit assez pro.


Finalement, quels sont tes prochains projets après la sortie de ton single ? Un album en vue ?

Pas forcément, là ça va être plutôt des sorties de singles. Je retourne en studio dans dix jours au Kitchen Studio pour enregistrer. Maintenant, on va sortir des sons petit à petit, puis on verra ce qui se passe au fur et à mesure. Le but pour What About Now, c’est qu’il tourne un maximum en radio et qu’on essaie de promouvoir ce son un maximum plutôt que de le faire pour douze chansons. C’est beaucoup plus facile de fonctionner comme ça, et on verra ce qui se passe.



LyOsun sera en concert le 25 avril prochain à L’Épicentre en compagnie de Mora Mora. Billets en vente ici.