Etienne Machine sur la scène des Docks. Photo : V. Perrin

Sous un ciel menaçant et baigné dans une chaleur étouffante, la Fête de la Musique de Lausanne – édition 2022 – s’est tenue mardi 21 juin dans tout le centre-ville… et même jusqu’à Prilly, où La Galicienne accueillait trois concerts dont le multi-instrumentiste genevois LyOsun. Du côté du quartier du Flon, plusieurs scènes furent montées pour donner aux locaux l’occasion de découvrir des artistes du cru.




Métro bondé et terrasses remplies rappelaient au bon souvenir des Lausannois et Lausannoises l’avant pandémie lorsque se tenaient assez fréquemment ce genre d’événements. Depuis que la Covid s’est un peu effacée du quotidien, il a fallu reprendre les habitudes de sortir et écouter de la musique. En vrai. Et en offrir dans tous les recoins de la plus grande ville vaudoise était l’occasion parfaite pour renouer le public à la culture en berne depuis des lustres.

Kacimi suspend le temps

Difficile de faire un marathon musical sous la chaleur qui sévit depuis une semaine en Suisse et plus généralement en Europe. Néenmoins, s’installer en terrasse et savourer un concert en parallèle d’une bière n’était pas une si mauvaise idée que cela. Au Barberousse, bar spécialisé dans les rhums, une scène s’était insérée dans la ruelle qui mène ensuite vers la rue de Genève. Entre trois bambous qui contrastent avec le milieu très typé industriel, un homme à la silhouette fine s’avance sur scène accompagné de trois musiciens. Un bassiste, un guitariste et un batteur.

Devant le micro, c’est Kacimi qui s’installe. L’artiste basé en France voisine, non loin de Genève, et qui gère avec brio le label Pop Club Records présente son projet musical. Une ode au surf rock californien qui mêle une langue française des plus raffinées, comme si Gainsbourg chantonnait sur la route du Big Sur. Cette « Californian French Vibe », c’est d’ailleurs la patte de ce compositeur hors-pair qui promeut de beaux projets aux sonorités similaires The Rebels of Tijuana, Concrete Jane, Dream Parade ou plus récemment Romano Bianchi (qui officie à la batterie pour Kacimi).

Le public, immergé dans ce voyage et curieux de l’ambiance déployée, applaudira chaudement la performance de l’artiste lorsque certains de ses titres les plus percutants se concluent. D’ailleurs en clôture du set, le titre Gyrophare – de l’album éponyme – s’avéra magistral : un moment hors-temps qu’il aurait fallu prolonger à l’infini. Pour le bonheur de voyager depuis son siège, un rhum arrangé à la main.

La « Californian French Vibe » de Kacimi. Photo : V. Perrin

Etienne Machine, une révélation dans la nuit

Si la Fête de la Musique permet de découvrir plusieurs artistes et groupes à la sauvette, il y en a certains qui captent l’écoute et le regard de ses spectateurs et spectatrices. C’est le cas d’Etienne Machine qui jouait tardivement sur la scène sponsorisée par les Docks et installée sur la Place de l’Europe. À six sur scène, le groupe lausannois est une machine huilée comme son nom le suppose. Reprenant l’essentiel des compositions issues de leurs magnifiques EPs Off & Off (2021) et Over & Out (2022), le groupe emmené par le guitariste Arno Cuendet rend une « copie sensible, incisive et sincère » selon leur biographie.

Et ce n’est pas du vent : les musiciens qui composent ce groupe forment une véritable unité, car chaque intervention est pertinente. Lorsque le batteur intervertit ses deux caisses claires, c’est pour offrir une variété de sonorités qui changent la couleur du morceau. Lorsque la chanteuse laisse l’espace vocal à son acolyte masculin, c’est pour donner une profondeur différente aux morceaux. Lorsque le bassiste troque son instrument à manche pour le synthétiseur, c’est pour donner plus de masse au projet. Difficile de rendre hommage à un titre plutôt qu’à un autre : vivre l’expérience Etienne Machine, c’est vivre un moment musical intense et complet qui puise ses inspirations d’Arcade Fire, Radiohead ou encore Massive Attack. Rien que ça, et c’est évidemment prometteur !

Pour voir un extrait de ce que vous auriez pu manquer, c’est par ici :