© La Bâtie- Mehdi Benkler 

Qu’il est loin le Bois de la Bâtie pour assister au concert de Cyril Cyril, en ouverture des explosifs BCUC! C’est à Nyon que le festival de la Bâtie s’est donc exporté pour proposer ce double plateau à saveur rythmée. Il en fallait bien, dans une journée en proies de pluies diluvienne. 


C’est surtout une rincée d’instants enthousiastes qui ont émané de cette soirée à l’Usine à Gaz. Dans la salle fraîchement rénovée, non loin des rives du Lac Léman, c’est Cyril Cyril qui a dégainé en premier et inauguré dignement la scène. C’est une musique aux saveurs orientales rencontrant l’Occident, de quoi faire chavirer la petite salle nyonnaise. Souvent dansantes et entraînantes, ces sonorités du Moyen-Orient sont celles qui ont bercé Cyril Bondi et Cyril Yeterian, vu chez Mama Rosin. Le duo genevois s’est donc amusé autour de deux instruments fétiches, la batterie à gauche de la scène et la guitare à droite. Cette batterie, ajustée d’une « grosse » grosse caisse typique des fanfares, offre des sonorités souvent inexplorées dans les concerts d’aujourd’hui: on y ajoute des objets fascinants, dont des crécelles qui font leur meilleur effet. 

Un voyage ethnique

Martelées et jouées mécaniquement par Cyril Bondi, les percussions se mêlent à merveille à l’enthousiasme de son acolyte à gauche. Avec son banjo ou sa guitare, Cyril Yeterian insuffle quelques paroles en arabes pour entamer les trois-quart d’heure de concert. Des boucles et effets constants de réverbération s’invitent pour souligner une richesse musicale et une originalité qui détonne dans le paysage romand. C’est d’ailleurs cette impression, bonifiée sur scène, que l’on découvre sur leurs album « Certaine Ruines » (2018) et « Yallah Mickey Mouse » (2020) sur le label genevois Bongo Joe. 

© La Bâtie- Mehdi Benkler 


Ces langues qui oscillent entre l’arabe, et le français comme sur la magnifique « Petit Destin ». Ces sonorités basses qui font vibrer les organes comme sur « Les Gens » ou « Sous la mer c’est calme ». Ces effluves parfois aiguës de ces deux voix masculines sur le final. 

C’est un voyage ethnique au-delà des frontières helvétiques qu’a offert Cyril Cyril. Il fut parfois shamanique, tant l’osmose des deux comparses traversait l’entièreté de l’Usine à Gaz de Nyon. Tout invitait à prendre son sac à dos et se poser sur la place principale d’une ville, souvent au Liban et sa capitale Beyrouth. Elle inspire les musiciens, autant qu’elle désole Cyril Yeterian dont il est originaire. Mais comme disait le Genevois, « il vaut mieux en rire ». 

Et profiter du moment. C’est ce que Nyon a fait. 

Note:

Le concert donné par les sept membres de BCUC n’a pas pu être couvert en entier. Mais au regard des premiers morceaux et de l’ambiance mise par le groupe sud-africain, nul doute que Nyon a transpiré ce soir là!

© La Bâtie- Mehdi Benkler