©Maxime Sallin

Démarche audacieuse, troublante parfois, le projet de Robin Girod et d’Anissa Cadelli a le mérite de surprendre. Et de faire bouger jeudi le public dans une salle à configuration assise.



Pour faire lever le monde, il fallait le cri du désespoir de la chanteuse-guitariste du groupe. C’est après un bon quarante-cinq minute qu’elle a fait passer un message à un public avachi dans les sièges du Casino Théâtre. Ainsi se pose le choix d’une salle à configuration intimiste pour un projet aussi éclectique, qui faisait suite aux excellents Adieu Gary Cooper (que l’on espère découvrir dans un avenir proche).

Un démarrage en mode « diesel »

Il y a un paradoxe étonnant avec ce projet du groupe Genevois. Sur scène, celui-ci démarre étonnamment sur deux titres en interloquant le public par des interventions d’Anissa au saxophone électrique Casio ou par des ambiances déconstruites avec des exclamations sonores de Robin. À première vue, ça peut sembler parfois dissonant… mais probablement voulu ! Le groupe bouscule les codes, et c’est plutôt intéressant.

© Maxime Sallin

Puis, ça se rétablit vers du son convenu. Et ça rassure, ça conforte le public. Peut-être trop? Car elle est là, la force du groupe. On passe du rock au jazz, puis vers des rythmes latins et des ambiances low-fi à la berlinoise. Bref, Bandit Voyage porte bien son nom: un trip en backpack dans les salles les plus mystiques de la terre.

On y voit ici la patte de Robin Girod, génial musicien genevois qui s’est démarqué ces dernières années à travers des projets acclamés (Mama Rosin, Duck Duck Grey Duck). Et derrière ses coups de basse incisifs, il s’amuse comme un fou avec sa comparse.

Une complicité naît sur scène avec Anissa, et des regards s’échangent avec le soutien d’un batteur subtil. Il y a aussi l’accompagnement d’un instrument à vent qui met la pêche aux moments opportuns pour accompagner notamment les titres du nouvel album nommé Was Ist Das ?.

Au final assis, le public s’est donc levé. Et la complicité exclusive sur scène s’est déployée dans toute une salle qui mériterait, peut-être, de n’avoir aucun siège. Car ce Casino Théâtre est beau. Surtout quand il s’enjaille sur de la musique genevoise…