© Maxime Sallin

Le Lieu Central de la Rue de Carouge a vibré aux sons de trois artistes aussi fascinantes que diamétralement opposées.



Entre la folk poétique emplie de douceur de Marie Jay, le rock sanguinolent et sombre de Lou K et la pop-électro culottée à la Kill Bill de Lily Gasc, le seul dénominateur de ces artistes est un fort engagement féministe transmis chacune à leur manière. Une soirée surprenante, dont on vous dévoile le menu :

Plat d’entrée : Marie Jay

L’artiste lausannoise de 22 ans a été la découverte de la soirée. En commençant par son décor, qui invite le public à entrer dans son univers en recréant l’ambiance d’un petit salon. Il y a une commode sur lequel trône un ballon de foot et un réveil, un porte-manteau dans un coin sur lequel est accroché un chapeau de cowboy, un petit bouquet de tulipes.

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Marie Jay est la gardienne de cet espace et emmène le public au fil de ses histoires du quotidien, de ses réflexions et de ses métaphores poétiques. Ses textes sont portés par une voix fraîche, où se mêlent la pop et la folk, avec des influences de rap et de slam. 

Le public se laisse prendre par la main et suit l’artiste, en s’asseyant même en tailleur par terre pour un morceau, comme pour savourer ses récits et ses errances dans cette zone grise entre responsabilités et insouciance. Une artiste locale à suivre, qui sortira un EP dans les prochains mois. 

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Plat de résistance : Lou K

Le public a ensuite été propulsé dans un monde sombre, où Lou K explore les tréfonds de la nuit armée de sa guitare. Elle est accompagnée par deux excellentes musiciennes, une batteuse et bassiste (qui est aussi violoniste sur certains morceaux). Ensemble, elles proposent un rock viscéral, avec des textes bruts. La chanteuse montre ses talents de metteuse en scène en chantant avec la bouche bouillonnante de sang, qui coule ensuite sur son corps. La voix douce et aiguë de l’interprète clashe avec ses textes révoltés et son choix de scénographie choque. C’est fort, entre la douceur et l’amertume.

Le public, d’abord surpris, se laisse doucement conquérir. A l’image de ce concert empli de contradictions, il se finit par un pogo général. Dans un genre majoritairement masculin, Lou K impose sa patte et promène son regard inquisiteur sur des sujets habituellement délaissés par le rock. Un bol d’air frais bienvenu !

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Dessert : Lily Gasc

La soirée se clôt par de la hyperpop-électro survoltée de Lily Gasc. Une mise en scène deuxième degré, qui mélange le code de l’horreur et du burlesque: elle apparaît entièrement vêtue de blanc avec un voile de mariée, en mini-jupe et porte-jarretelles, mais avec une tronçonneuse à la main. Elle joue avec les codes, en proposant une pop acidulée comme des dragibus, qui aurait un coeur de liqueur qui fait grimacer son consommateur.

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Si à vue d’oeil Lily Gasc a l’air de la parfaite pop star, où l’on devine un côté K-pop avec des chorégraphies enseignées au public, il y a son point de vue cynique et blasé, comme si l’artiste rejettait les codes qu’elle s’était elle-même imposée. Ses chansons, comme un journal intime, impose son regard cru et tranchant sur des compositions très dansantes. 

Une belle présence sur scène, des notes électro qui tirent sur de l’Eurodance, la candeur laisse place à la colère, saupoudré d’une bonne dose de névrose. À suivre !